18 janvier 2017

Divorce du prince Louis de Luxembourg

Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog / Tous droits réservés

Communiqué de la Cour
Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse ont le regret d’annoncer que le Prince Louis et la Princesse Tessy ont décidé de divorcer. Dans ces circonstances douloureuses, ils comptent sur la compréhension de tous pour respecter la sphère privée du couple et de leurs enfants. 

Palais grand-ducal, le 18 janvier 2017

Communiqué de la Princesse Tessy
Je suis très triste de confirmer que Louis et moi allons divorcer après 12 années de vie commune. Malgré notre séparation, nous resterons toujours unis au travers de nos deux précieux garçons. 
Il est extrêmement triste pour nous deux de réaliser que nous allons désormais emprunter des parcours de vie différents. 
Dans ces circonstances douloureuses, je demande que notre vie privée, et particulièrement la vie privée de nos enfants, soit respectée. Aucun autre commentaire ne sera donné à ce stade.



Le communiqué de la Cour grand-ducale a malheureusement confirmé ce que certains redoutaient depuis plusieurs jours. Le couple s'était marié civilement au palais grand-ducal et religieusement en l'église de Gilsdorf le 29 septembre 2006. Le prince Louis avait renoncé à ses droits dynastiques le 22 août 2006. En effet, un fils prénommé Gabriel était né de leur relation le 12 mars 2006 à Genève. Cette renonciation permettait de mettre sur un pied d'égalité leur fils né hors-mariage avec les éventuels autres enfants à naître. Le couple a donné naissance à un second fils, Gabriel, né le 21 septembre 2007 à Luxembourg.

L'épouse du prince Louis s'était vue octroyer les titres de Princesse de Luxembourg, Princesse de Nassau et Princesse de Bourbon-Parme avec qualification d'Altesse Royale par le grand-duc Henri le 23 juin 2009, jour de la fête nationale. Un divorce entraînera plus que probablement la perte de ces titres. 

14 janvier 2017

Fiançailles de la princesse Marie-Gabrielle de Nassau

Antonius Willms et la princesse Marie-Gabrielle
aux côtés de la princesse Astrid de Liechtenstein
à Beloeil le 18 juin 2016
Photo : Valentin Dupont / tous droits réservés
Plusieurs sites spécialisés annoncent que la princesse Marie-Gabrielle de Nassau et son petit ami Antonius Willms ont officialisé leur relation. La fiancée est la fille du prince Jean de Luxembourg et de Madame Hélène Vestur. Le couple était présent en juin dernier au mariage de la princesse Alix de Ligne et du comte Guillaume de Dampierre. Ils s'uniront civilement à Luxembourg, avant de se marier religieusement plus tard à Malaga. Leur ancêtre commune la plus proche est la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870). 


Marie-Gabrielle Cécile Charlotte Sophie de Nassau est née par césarienne le 8 septembre 1986 à Paris. Quelques jours plus tard, son père le prince Jean de Luxembourg a renoncé à ses droits dynastiques pour des raisons privées. Ce n'est qu'avec le mariage de ses parents rendu public le jour-même, le 27 mai 1987, que l'existence de Marie-Gabrielle a été dévoilée au grand public. A l'époque, sa mère Hélène Vestur était auditeur au Conseil d'Etat.

Dans une interview accordée au magazine Point de Vue en 1988, son père s'est expliqué sur les choix de ses prénoms. Parce que née le jour de la Nativité de la Sainte Vierge, ses parents ont opté pour « Marie-Gabrielle », un prénom qui fait également référence à une tante paternelle du prince Jean. « Sophie » est une référence à la grand-mère maternelle de l'enfant, tout comme « Charlotte » l'est naturellement pour sa grand-mère paternelle Joséphine-Charlotte et son arrière-grand-mère la grande-duchesse Charlotte décédée l'année précédente. Le prénom de « Sophie » a été choisi pour son étymologie grecque renvoyant à la sagesse et parce que plusieurs cousines et amies du couple se nomment ainsi.

Marie-Gabrielle avec ses parents
et son frère Constantin en 1988
Par arrêté grand-ducal pris par son grand-père le grand-duc Jean le 21 septembre 1995 Marie-Gabrielle se voit accorder le titre de Comtesse de Nassau, avant de devenir Princesse de Nassau avec qualification d'Altesse Royale par arrêté grand-ducal pris par son oncle le grand-duc Henri le 24 novembre 2004.

Marie-Gabrielle âgée de 5 ans
en 1991
Trois frères sont nés à Paris après le mariage de ses parents : Constantin en 1988, Wenceslas en 1990 et Carl-Johann en 1992. Tous les quatre sont proches de leurs cousins luxembourgeois avec lesquels ils ont souvent partagés des vacances d'été dans le sud de la France, dans la propriété de Cabasson. En 2004, ses parents ont divorcé, ce qui n'a pas empêché la famille grand-ducale de conserver d'excellents contacts avec sa mère. Son père s'est remarié en 2011.

La princesse Marie-Gabrielle a fréquenté entre 2007 et 2009 le Goldsmiths College de l'Université de Londres réputé pour son département d'art. Elle y a décroché un bachelier en cultures visuelles. Ensuite, elle a obtenu en 2012 un master en arts et affaires au Sotheby's Institute of Art de Londres. Elle travaille actuellement dans les domaines de l'architecture et du design d'intérieur. Sa dernière apparition au Luxembourg remonte au 9 janvier 2016 lors de la célébration du 95ème anniversaire de son grand-père le grand-duc Jean à la Philharmonie de Luxembourg.

De gauche à droite : le prince Wenzeslas, le prince Constantin, la princesse
Marie-Gabrielle et le prince Carl-Johann
Photo : SIP / Julien Warnand / tous droits réservés


Hayo et Minki Willms au
Luxembourg en 2015
Photo : Isabella Finzi/Le Jeudi
Antonius Benedikt Clemens Douglas Emanuel Willms est né le 22 décembre 1988 à Atlanta, aux Etats-Unis. Il est le fils de Hayo Willms et de la comtesse Maria Theresia dite « Minki » von Goëss-Saurau. Il a un frère et deux sœurs : Marie Caroline née en 1979, Johannes né en 1980 et Anna Sophie née en 1991. Leur père a fait carrière dans le secteur bancaire et il dirigea un temps la branche allemande de la banque Rothschild. Il est également le parrain de l'archiduchesse Antonia, fille de l'archiduc Carl-Peter et de l'archiduchesse Alexandra d'Autriche.

Le fiancé de la princesse Marie-Gabrielle a fréquenté l'Ecole européenne de Luxembourg de 1996 à 2007. Il y a obtenu son baccalauréat. Après un stage de deux mois en 2007 au sein de la banque Rothschild, il s'est inscrit à l'Université de St Andrews en Ecosse. Durant ces études, il s'est investi dans le comité Oktoberfest de l'université qui organisait des événements en vue de récolter des fonds en faveur d'une association venant en aide aux familles avec enfants souffrant d'un cancer ou d'une leucémie. Il a décroché un master en économie et en histoire moderne en 2012. Durant son cursus universitaire, il a accompli des stages dans un groupe luxembourgeois spécialisé dans la gestion d'actifs, au sein de la marque allemande de vêtements Lodenfrey et dans une société basée à Francfort proposant des activités de conseil d'un point de vue énergétique. Antonius Willms a entamé sa carrière professionnelle en 2013 comme consultant chez PricewaterhouseCoopers à Munich. En mars 2016, il a quitté ce célèbre cabinet d'audit et de conseil pour travailler à son propre compte.

Royalement Blog présente ses félicitations au couple et à leurs familles ! 

12 janvier 2017

L'amitié entre la famille royale belge et la famille impériale japonaise

Le traité de 1866
La Belgique et le Japon ont conclu en 1866 un traité bilatéral d'amitié, de commerce et de navigation. Le jeune Etat cherchait alors à développer ses relations internationales et était le neuvième pays occidental à sceller un tel traité avec l'Empire du Soleil levant. L'année suivante, Tokugawa Akitake, seigneur du domaine d'Aizu, s'est rendu en Europe afin de visiter l'Exposition universelle de Paris. Ce frère cadet du shogun Tokugawa Yoshinobu et sa délégation ont également effectué un séjour en Belgique où ils furent reçus par le roi Léopold II et où ils assistèrent à une somptueuse soirée au Palais de Bruxelles. Lors de l'audience, les propos du monarque furent axés sur le commerce. Indiquant à la délégation que le niveau de santé d'un pays se mesurait à l'usage de l'acier, il leur conseilla de visiter des fonderies belges et de passer commande. Le samouraï de la délégation fut consterné par ces propos considérés comme brutaux. En effet, le confucianisme demandait alors aux autorités de se tenir à l'écart de telles discussions visant des profits économiques. 

La mission Tokugawa en Belgique en 1867

En 1868, conséquence de l'ouverture du Japon vis-à-vis de l'extérieur, le shogunat fut aboli et l'empereur Meji retrouva ses pouvoirs. Dans l'optique de moderniser le pays, l'empereur et son gouvernement ont envoyé en 1871 une mission emmenée par le ministre Iwakura aux Etats-Unis et en Europe. Ses membres ont été reçus par le roi Léopold II lors de leur passage en Belgique. D'autres missions d'études ont suivi. C'est ainsi qu'en 1882 la Banque du Japon a été fondée sur la base de la Banque nationale belge. A cette époque également, des officiers japonais étaient invités aux grandes manœuvres militaires qui se tenaient notamment à Beverlo. En 1896, les deux pays sont signé un nouveau traité de commerce et de navigation.

Le prince Kotohito Kan'in
Deux ans plus tard, en avril 1900, la Belgique a accueilli son premier visiteur impérial : le prince Kotohito Kan'in. Issu d'une branche cadette de la famille impériale, le prince avait été adopté par l'empereur Kōmei. Ce militaire, frère adoptif de l'empereur Meji, avait participé à la guerre sino-japonaise quelques années auparavant. En 1905 a éclaté la crise de Tanger : l'empereur Guillaume II d'Allemagne protesta contre les ambitions françaises au Maroc. Le roi Léopold II, qui nourrissait alors des projets au Maroc, s'était rangé du côté du Kaiser, dont le Japon était un allié. Assistant en juin 1905 à Berlin au mariage du prince héritier Frédéric-Guillaume, le prince Albert précise justement à son oncle dans une lettre : « Les festivités se sont déroulés (sic) sans incidents notables, les Japonais, très bien reçus par l'Empereur, ont été assez vexés du sans-gêne avec lesquels les Princes et surtout les Princesses les ont traités ; j'ai à peine besoin de vous dire que nous nous sommes gardés de suivre cet exemple ». Cette crise a été résolue en 1906 par la conférence d'Algésiras, à laquelle participa la Belgique. 

Le prince et la princesse Kuni Kuniyoshi,
parents de la future impératrice Nagako
En juin 1909, le prince et la princesse Kuni Kuniyoshi ont effectué une visite en Belgique. Le prince, qui fut autorisé à fonder une nouvelle branche au sein de la famille impériale par l'empereur Meji, étudiait alors la tactique militaire en Allemagne et était attaché à un régiment prussien. Ils sont les parents de la princesse Nagako de Kuni, future impératrice du Japon. A la suite du décès du roi Léopold II le 17 décembre 1909, l'empereur Meji demanda au baron Kurino, ambassadeur en poste à Paris, de représenter le Japon aux funérailles le 22 décembre à Bruxelles, puis le lendemain lors de la prestation de serment du roi Albert. Ce dernier a adressé une lettre, en février 1910, afin de remercier le « Très Haut, Très Excellent et Très Puissant Prince Sa Majesté Impériale et Royale l'Empereur du Japon, Notre bon Frère et Cousin ». Dans cette missive, le roi Albert annonçait également l'envoi d'une mission au Japon, présidée par le baron Constant Goffinet, l'intendant de la Liste Civile, afin de notifier officiellement à l'empereur son avènement au trône. 

Le prince et la princesse Fushimi Hiroyasu
En mai 1910, le prince et la princesse Fushimi Hiroyasu ont effectué une visite en Belgique et ont été reçus par le roi Albert. Le neveu du prince Kotohito Kan'in, de passage en Belgique dix ans auparavant, s'était d'ailleurs vu remettre à titre militaire les insignes de Grand-Croix de l'Ordre de Léopold. Le prince Fushimi Hiroyasu a étudié en 1909 et 1910 en Grande-Bretagne. A cette époque, les empereurs Meji puis Taishō entretenaient avec le souverain belge une correspondance formelle destinée à informer la Cour de Belgique des grands événements de la famille impériale. En 1911, une exposition permanente devant permettre de favoriser les échanges commerciaux entre les deux pays a vu le jour sous l'impulsion du roi Albert dans la tour japonaise qui était alors une annexe du musée commercial. Cette tour, inaugurée en 1905, a été construite à la demande du roi Léopold II qui l'avait ensuite incorporée à la Donation royale. 




Durant la Première Guerre mondiale, l'attitude de la Belgique et de son Roi a marqué les esprits au Japon. De l'argent y fut ainsi collecté à destination des réfugiés belges. L'empereur Taishō aurait également envoyé une épée en or au Roi-Chevalier. En juin 1921, le prince héritier Hirohito effectua une visite officielle en Belgique. Pour la première fois, un futur empereur quittait le Japon pour une tournée de six mois en Europe, chaperonné par son grand-oncle adoptif le prince Kotohito Kan'in, déjà venu en Belgique en 1900. Arrivant de Paris, Hirohito fut accueilli par le roi Albert et son fils aîné le prince Léopold. Cette visite coïncida avec l'élévation au rang d'ambassades de la légation japonaise installée à Bruxelles depuis 1898 et de la légation belge au Japon, d'abord située à Yokohama en 1873 (un consulat y avait déjà vu le jour en 1867) avant d'être déménagée à Tokyo en 1893. Le prince Hirohito se rendit avec le prince Léopold sur le site de la Bataille de Waterloo ainsi qu'à Ypres, une ville sévèrement touchée lors de la Première Guerre mondiale. Celui qui allait accéder au trône cinq ans plus tard a également tenu à visiter les ruines de la bibliothèque de Louvain, incendiée par les Allemands. Le Japon avait fortement contribué en 1919 au financement de la reconstruction d'une nouvelle bibliothèque dont les travaux furent achevés en 1928. La Belgique sut rendre la pareille en 1923 à la suite d'un séisme qui fit plus de 100.000 morts au Japon. L'Etat belge avait alors été le troisième plus grand donateur étranger après les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Le prince et la princesse
Higashifushimi Yorihito
Le prince Charles fut le premier membre de la famille royale belge à se rendre au Japon. En effet, le prince de Galles, futur Edouard VIII, invita le prince Charles alors aspirant de marine à prendre part à un voyage à bord du Renown devant le conduire jusqu'aux Indes et au Japon. Le navire fit son entrée dans le port de Tokyo le 12 avril 1922. Le lendemain, le fils cadet du roi Albert a assisté à une réception où il rencontra la princesse Higashifushimi Yorihito, avant de se rendre dans le palais de son époux. Cet amiral qui prit part à la guerre russo-japonaise était le dernier descendant d'une branche cadette de la famille impériale et avait été adopté par l'empereur Meiji en 1869. Le prince Higashifushimi Yorihito est décédé deux mois plus tard, le 27 juin. Outre cette rencontre, le prince Charles a répondu à plusieurs invitations non officielles de membres de la famille impériale et sa personnalité aurait, dit-on, fait bonne impression auprès de l'impératrice Sadako, passée à la postérité sous le nom de Teimei. Le navire fit ensuite escale à Kobe où le prince Charles visita notamment le tombeau de l'empereur Meiji et de l'impératrice Shōken. 

Le prince et la princesse Takamatsu avec la famille royale belge
Les visites de membres de la famille impériale se sont succédé puisqu'en avril 1925 ce fut au tour du prince et de la princesse Asaka de se rendre en Belgique. La princesse était l'une des filles de l'empereur Meji. Son époux, demi-frère du prince Kuni Kuniyoshi, avait obtenu l'autorisation de fonder une branche cadette au sein de la famille impériale. En juillet 1930, la famille royale belge accueillit cette fois le prince et la princesse Takamatsu en tournée à travers l'Europe. La Belgique célébrait cette année-là son centenaire et le couple princier prit part à une grande cérémonie qui réunissait toute la famille royale belge, y compris la princesse Clémentine et son fils le prince Louis Napoléon. Le frère et la belle-sœur de l'empereur Hirohito furent également reçus au château de Laeken pour un dîner de gala. 

Dîner de gala en l'honneur du prince et de la princesse Takamatsu en 1930
Photo : Van Parys

Le développement des bonnes relations entre les deux pays fut stoppé à la suite de l'invasion japonaise en Mandchourie en septembre 1931, un acte dénoncé par la plupart des chancelleries occidentales et qui a conduit au retrait du Japon de la Société des Nations trois années plus tard. A cette époque, le prince Léopold et la princesse Astrid préparaient un voyage en Extrême-Orient pour le printemps 1932 et l'étape japonaise fut naturellement supprimée. La création de l'Etat fantoche du Mandchoukouo en territoire chinois cristallisait les poussées nationaliste et militariste existant alors au Japon. Dès la guerre du Pacifique en 1941, les Alliés ont suspendu leurs relations avec le Japon.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon fut placé entre 1945 et 1952 sous occupation militaire alliée. Il fut décidé de maintenir le système impérial. Une présence diplomatique belge fut restaurée au Japon dès 1946, accréditée auprès du commandant supérieur des forces alliées. En juillet 1949, la Belgique et le Japon ont restauré leurs relations diplomatiques par la signature d'un traité commercial. Le 8 septembre 1951, la Belgique était l'un des quarante-huit signataires du traité de San Francisco dont l'entrée en application moins d'un an plus tard restaura l'indépendance du Japon. 

Photographie du roi Baudouin prise par le prince
Akihito lors de son séjour en Belgique en 1953
Photo : Agence de la Maison impériale
En juillet 1953, le prince héritier Akihito, âgé de dix-neuf ans, s'est rendu aux cérémonies du couronnement de la reine Elizabeth II. C'est là qu'il rencontra pour la première fois le prince Albert de Belgique, d'un an son cadet. Ils étaient alors les deux plus jeunes princes de l'assemblée. Le prince héritier japonais visita également quatorze pays en Europe et se rendit aux Etats-Unis. De passage en Belgique, le roi Baudouin, trois ans plus âgé, invita la prince Akihito à passer deux nuits au château de Laeken. La princesse Maria-Esméralda a raconté dans l'ouvrage Léopold III, mon père (2002) que le prince Akihito désira absolument monter Silver Lining, le cheval blanc de la princesse Lilian, réputé pour être peu docile. C'est donc avec la quasi-certitude qu'il serait jeté à terre que la famille royale s'étonna de voir le prince héritier japonais parvenir à maîtriser sa monture. Après cet épisode, Akihito a indiqué qu'en tant que prince héritier il lui était interdit de monter un cheval dont la robe ne soit pas blanche. A plusieurs reprises, lors de conférences de presse diverses, Akihito a indiqué que lors de ce séjour il s'était senti accueilli comme un membre de la famille. Un tableau intitulé Entrée au château peint par Albert Saverys qui évoque cette rencontre trône d'ailleurs aujourd'hui dans la salle à manger de la résidence de l'ambassadeur belge à Tokyo. L'ambassade, qui avait été acquise en 1928 fut détruite en 1942 lors de bombardements américains. La reconstruction de l'édifice, au même endroit, s'est achevée en 1959. 

De gauche à droite : le roi Léopold III, le prince héritier Akihito, le roi
Baudouin, le prince Alexandre et la princesse Lilian
Photo : Collection personnelle Valentin Dupont


De leur première rencontre en 1953 naquit une profonde amitié entre le roi Baudouin et le prince Akihito, à laquelle fut associée quelques années plus tard leurs épouses. Le prince héritier Akihito fut le premier à se marier le 10 avril 1959 avec Michiko Shōda, la fille d'un riche minotier. Ils se connaissaient depuis août 1957, période à laquelle ils se sont rencontrés sur un court de tennis. Après leur rencontre, Michiko a effectué, seule, un voyage en Europe et aux Etats-Unis d'une durée de 54 jours. Elle s'est arrêtée en Belgique où elle assista notamment à une conférence. La légende voudrait que le roi Baudouin ait joué alors un rôle d'intermédiaire entre les deux jeunes gens qui n'étaient pas encore fiancés. En effet, toute correspondance entrante ou sortante du prince héritier devait être contrôlée par l'Agence de la Maison impériale, sauf lorsque la correspondance concernait un souverain étranger. Le roi Baudouin aurait donc permis qu'Akihito et Michiko s'échangent des lettres dans la plus stricte intimité. Cette histoire fut racontée par Willy Claes, ministre belge des Affaires étrangères de 1992 à 1994. 

Le roi Léopold III au Japon en 1961
En 1958, le prince et la princesse Takamatsu étaient de retour en Belgique afin de visiter l'Exposition universelle de Bruxelles en compagnie du prince Albert qui les avait accueillis à l'aéroport. Le couple fut également reçu au château de Laeken par le roi Baudouin, le roi Léopold III et la princesse Lilian, ainsi qu'en présence de la princesse Marie-Gabrielle de Savoie. Trois années plus tard, le roi Léopold III s'est vu confier par le gouvernement belge la tâche de mener une mission de prospection économique de huit semaines dans l'est et le sud-est asiatique. Accompagné dans la première partie du voyage par son épouse Lilian, le roi Léopold III s'est rendu seul à Hong Kong puis au Japon. Là, il a été accueilli à son arrivée à l'aéroport par le prince héritier Akihito qui le conduisit ensuite jusqu'à l'ambassade belge devant laquelle une frange de communistes manifestait à la suite de l'assassinat de Patrice Lumumba, l'ancien premier ministre congolais. Hôte de l'empereur Hirohito durant trois jours, Léopold III a été reçu à déjeuner par le couple impérial. Il assista également à une représentation de kabuki en compagnie du prince héritier Akihito et de la princesse héritière Michiko. 

Visite d'Etat au Japon en 1964
De gauche à droite : le prince Hitachi, la reine Fabiola,
l'empereur Hirohito et la princesse héritière Masako
En 1962, ce fut au tour du prince Albert de se rendre pour la première fois au Japon dans le cadre d'une mission économique en tant que président d'honneur de l'Agence belge pour le Commerce extérieur. Le prince Albert fut reçu par l'empereur Hirohito et l'impératrice Nagako. En janvier 1964, le roi Baudouin et la reine Fabiola ont effectué une visite d'Etat au Japon qui comprenait des haltes à Tokyo, Kyoto, Nara, Hiroshima et Nagasaki. Arrivant de Hong Kong, le couple royal fut accueilli à l'aéroport par l'empereur Hirohito et l'impératice Nagako, ainsi que par les héritiers. Ce voyage permit à la reine Fabiola d'avoir ses premiers contacts avec les membres de la famille impériale. Elle reçut d'ailleurs de l'impératrice Nagako une pièce de soie réalisée à partir de la production de vers à soie élevés au sein du palais impérial. Le cadeau du couple royal belge était un service en porcelaine de Tournai datant du XVIIIème siècle. La même année, le prince Albert - alors membre du Comité internationale olympique pour la Belgique - et la princesse Paola se sont rendus au Japon pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Les princes de Liège furent placés juste aux côtés des membres de la famille impériale lors de la cérémonie d'ouverture. En octobre 1965, le prince et la princesse Hitachi, frère et belle-sœur de l'empereur, ont effectué une visite en Belgique. C'est d'ailleurs le prince Hitachi qui prit la présidence honoraire de la Société Japon-Belgique créée en 1969, fonction qu'il assume encore aujourd'hui. 

Visite d'Etat au Japon en 1964
Photo : Archives du Palais Royal

Dîner de gala au Palais de Bruxelles lors de la visite d'Etat en Belgique
de l'empereur Hirohito et de l'impératrice Nagako en 1971
En 1966, le prince Albert se rendit de nouveau au Japon pour une mission économique. Il effectua également le voyage en 1969 à l'occasion de l'ouverture par la Sabena de la ligne Bruxelles-Tokyo. Il en profita pour se rendre à Hiroshima. Lors de sa rencontre avec l'empereur Hirohito, il remit à celui-ci une invitation officielle à effectuer une visite en Belgique. Le prince Albert s'est également rendu au Japon en 1970 afin de visiter l'Exposition universelle à Osaka lors de la journée belge et fut une nouvelle fois reçu par le couple impérial. En 1971, un empereur du Japon quitta pour la première fois le sol national pour une tournée européenne. La Belgique faisait naturellement partie de l’itinéraire. Lors du dîner de gala, le 29 septembre au Palais de Bruxelles, le roi Baudouin indiqua dans son discours qu' « en accueillant Vos Majestés Impériales, la Belgique est particulièrement heureuse de pouvoir leur témoigner sa sympathie et leur dire, par ma voix, combien elle apprécie l’honneur qui lui échoit d’être la première étape officielle de leur voyage en Europe ». Au programme du passage en Belgique figuraient la visite du zoo d'Anvers, de Charleroi, du champ de bataille de Waterloo –  que l'empereur avait déjà visité en 1921 – ou encore de Liège en compagnie du prince Albert et de la princesse Paola. Le couple impérial poursuivit sa tournée en direction de la France.



Le prince héritier Akihito et la princesse héritière Michiko ont effectué une visite en Belgique en octobre 1973 et ont été les hôtes du couple royal durant quelques heures au château de Laeken. A partir de ce voyage, les héritiers prirent l'habitude, lorsqu'ils devaient se rendre à l'autre bout du monde, de faire une halte semi-privée en Belgique afin de retrouver leurs amis belges. Cette habitude fut également adoptée par le couple royal belge. Ainsi, en 1974, après un voyage officiel en Indonésie, le roi Baudouin et la reine Fabiola se sont rendus à Tokyo. L'empereur Hirohito décida d'accueillir le couple royal à l'aéroport. C'était la première fois qu'un empereur réservait un tel honneur à des invités étrangers venant au Japon en dehors du cadre d'une visite d'Etat. L'empereur Hirohito a d'ailleurs patienté durant une heure, l'avion du couple royal ayant décollé en retard. Le soir de leur arrivée, Baudouin et Fabiola ont été conviés par le couple impérial. Mais ils ont surtout retrouvé le couple héritier dans une atmosphère détendue. Aimant se trouver sur un court de tennis avec le prince Akihito, c'est au tennis de table que le roi Baudouin prit plaisir à affronter le prince Akishino, le fils cadet des héritiers. Pour l'anecdote, les trois enfants eurent d'ailleurs l'occasion de montrer au couple royal belge les pommes de terre qu'ils avaient eux-même plantées dans les jardins.

Le roi Baudouin et la reine Fabiola avec les héritiers japonais et leurs
trois enfants en 1974
Photo : Agence de la Maison impériale

Visite du prince héritier Akihito et de la princesse héritière Michiko
en  Belgique en 1983
Photo : Archives du Palais Royal
En 1976, alors en deuxième année de l'enseignement secondaire, le prince Naruhito, fils aîné des héritiers, fut invité par le roi Baudouin et la reine Fabiola pour un séjour privé à Laeken durant lequel il en profita pour visiter Bruges. Le prince Naruhito a ensuite suivi les souverains belges en Espagne pour quelques jours de vacances à la Villa Astrida à Motril. Plusieurs neveux et nièces du couple royal étaient également présents lors de ces vacances et la reine Fabiola l'emmena visiter l'Alhambra à Grenade. Après sa première visite à l'invitation du couple royal, le prince Naruhito fut de nouveau de passage en Belgique en 1979 au cours d'un voyage qui le conduisit également en Roumanie et en Bulgarie. Le prince Albert a effectué une troisième mission économique au Japon en 1981. Deux ans plus tard, le prince héritier Akihito et la princesse Michiko étaient de nouveau à Laeken, avant de se rendre au Luxembourg puis en Zambie. La même année, leur fils Naruhito s'est également rendu en Belgique et au Luxembourg. Etudiant en 1984 et 1985 à Oxford, le prince Naruhito eut l'occasion à plusieurs reprises de revenir en Belgique. En février 1984, ses parents lui rendirent visite en Europe et ils se retrouvèrent assez naturellement tous les trois à Laeken. Le temps d'une soirée, le couple royal demanda à la reine Beatrix et au prince Claus des Pays-Bas de se joindre à eux. En septembre 1984, le prince Naruhito assista au mariage de la princesse Astrid et de l'archiduc Lorenz d'Autriche-Este à Bruxelles.

Les héritiers japonais accompagnés de leur fils le prince Naruhito
reçus au château de Laeken en 1984

En 1985, le prince Naruhito fut de nouveau convié en Belgique à l'invitation du couple royal. Il assista avec la reine Fabiola à la finale du Concours Musical Reine Elisabeth. Cette édition était consacrée au violon, un instrument que pratique le prince Naruhito. De leurs côtés, le roi Baudouin et son neveu le prince Philippe effectuèrent une visite semi-officielle de huit jours au Japon au mois de juillet. Ils furent reçus par l'empereur Hirohito et visitèrent avec les héritiers l'Exposition internationale de Tsukuba. Cette même année, le prince Albert effectua une nouvelle mission économique au Japon. Après un voyage de deux semaines en Chine, le prince Philippe fut de retour au Japon en 1986. Il visita notamment avec le prince Naruhito le temple d'Enkakuji à Kamakura. Les deux jeunes hommes avaient à peine deux mois de différence.

Le roi Baudouin et le prince Philippe reçus en audience
par l'empereur Hirohito en 1985
Photo : Archives du Palais Royal
Visite de l'Exposition internationale de Tsukuba avec
le prince héritier Naruhito et la princesse héritière Michiko
Photo : Archives du Palais Royal
Le prince Philippe et le prince Naruhito au Japon en 1986
Photo : Collection privée de S.M. le Roi

Le roi Baudouin et la reine Fabiola se sont rendus en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1987. Après ce volet officiel, le couple royal a effectué une halte à Tokyo où il était invité par les héritiers. Ils se sont retrouvés lors d'un dîner en compagnie des trois enfants du prince Akihito et de la princesse Michiko. Le lendemain, les deux couples ont visité une verrerie. Le 7 janvier 1989, l'empereur Hirohito est décédé à l'âge de 87 ans. L'ère Shōwa fit place à l'ère Heisei avec la montée sur le trône du chrysanthème d'Akihito. Le roi Baudouin et la reine Fabiola ont assisté aux funérailles d'Etat du désormais empereur Shōwa le 24 février. En août, le couple royal invita la princesse Sayako, fille unique du couple impérial, à les rejoindre en vacances durant une semaine à Motril. Durant ce séjour, le roi Baudouin et la reine Fabiola ont emmené la princesse Sayako sur leur yacht Avila.


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Europalia Japon en 1989
En septembre 1989, le prince héritier Naruhito s'est rendu officiellement en Belgique à l'occasion de l'inauguration d'Europalia Japon. Il s'agissait alors du premier pays non-européen à être mis à l'honneur de ce festival culturel qui fêtait cette année-là son vingtième anniversaire. L'inauguration se déroula en présence de la famille royale belge au cours d'une séance académique suivie d'un concert de gagaku donné par l'orchestre de la Maison impériale au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Le prince Naruhito reçut comme cadeau un vase des cristalleries Val-Saint-Lambert produit à cent exemplaires, fidèle reproduction de celui offert à son grand-père Hirohito lors de sa venue en Belgique en 1921. Logeant au château de Laeken durant une semaine, le prince Naruhito en profita pour visiter la tour japonaise construite à la demande du roi Léopold II et qui avait été partiellement restaurée pour Europalia Japon. Une année plus tard, en août 1990, le prince héritier Naruhito, venant du Luxembourg, effectua un nouveau séjour en Belgique afin d'assister au dixième congrès international d'histoire économique à Louvain. On le vit également visiter l’ascenseur à bateaux de Strépy-Thieu. Le 12 novembre, le roi Baudouin et la reine Fabiola se sont rendus une nouvelle fois au Japon afin d'assister aux cérémonies du couronnement. Le couple royal se trouvait au premier rang des nombreux invités étrangers, suivant les cérémonies depuis une des terrasses du palais impérial. Lors de la soirée de gala offerte par le couple impérial, l'empereur Akihito fit son entrée aux côtés de la reine Fabiola.

Visite du roi Baudouin et de la reine Fabiola au Japon en 1992
Photo : Archives du Palais Royal
Avant d'effectuer une visite d'Etat en Corée du Sud, le roi Baudouin et la reine Fabiola se trouvaient du 9 au 11 octobre 1992 au Japon. Le premier jour, le couple impérial vint leur rendre visite à l'ambassade belge, une démarche tout à fait exceptionnelle. Le lendemain, le couple royal fut reçu au palais en présence des trois enfants de l'empereur Akihito et de l'impératrice Michiko. Le couple royal fit d'ailleurs connaissance avec l'épouse et la fille du prince Akishino : la princesse Kiko et la princesse Mako. Cette dernière allait célébrer quelques jours plus tard son premier anniversaire. Ce fut la dernière fois que les deux couples se sont vus. Le 31 juillet 1993, le roi Baudouin décédait inopinément à l'âge de 62 ans. La famille impériale observa alors un deuil national de trois jours. Ce décès a profondément touché le couple impérial. La solide amitié veille de quarante ans conduisit l'empereur Akihito à faire une entorse au protocole en se rendant en compagnie de l'impératrice aux funérailles du roi Baudouin célébrées le 7 août. Arrivé la veille, le couple impérial a regagné le Japon le 9 août. Ce déplacement essuya quelques critiques au Japon car il retarda la prise de fonction du nouveau gouvernement. De leur côté, le prince héritier Naruhito et la princesse héritière Masako ont assisté à une messe de requiem en mémoire du roi Baudouin en l'église Saint-Ignace à Tokyo. L'événement inspira à l'empereur Akihito un waka :

I visited the Château of the Belgian King
Where he lives no more-
He who was my bosom friend
Down the last forty long years




Château de Laeken, le 9 septembre 1993
Photo : Archives du Palais Royal
Quelques jours plus tard, la reine Fabiola invita de nouveau la princesse Sayako pour un court séjour à la Villa Astrida de Motril, là où le roi Baudouin avait succombé d'une crise cardiaque. Les deux femmes rejoignirent ensuite la Belgique. La presse japonaise rapporta alors la possibilité pour la jeune femme de rencontrer un éventuel prétendant dans un château belge en présence de ses parents. En effet, l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko ont effectué une visite d'Etat du 9 au 12 septembre 1993, la première du règne du roi Albert II. L'invitation avait en réalité été envoyée par le roi Baudouin. Prévue initialement en juin 1993, cette visite avait été retardée après l'annonce du mariage du prince héritier Naruhito qui fut célébré le 9 juin. Arrivant d'Italie, le couple impérial fut accueilli à l'aéroport militaire de Melsbroeck par le roi Albert II et la reine Paola. La première journée fut marquée par un déjeuner au château de Laeken en présence du couple royal et de la reine Fabiola, une réception à l'hôtel de ville de Bruxelles en compagnie du prince Philippe et le traditionnel dîner de gala au Palais de Bruxelles.

Dîner de gala au Palais de Bruxelles
Lors de cette réception, à laquelle se trouvaient également le prince Philippe, la princesse Astrid et les princes Lorenz et Laurent, le roi Albert II indiqua d'emblée dans son discours : « Mon frère, plus que tout autre, se faisait une joie de votre visite à notre pays ». C'est au palais royal que logea le couple impérial, dans les appartements de la reine Astrid. Le 10 septembre, les deux couples souverains se sont rendus d'abord à Mons, avant de déjeuner au relais-château du Lac à Genval puis de visiter Anvers, cette année-là capitale européenne de la culture. Le soir, ils se sont retrouvés pour une soirée au Concert Noble à Bruxelles. De son côté, la princesse Sayako rendit visite au centre de l'Oeuvre Nationale des Aveugles qui se situe à Ghlin, dans la région montoise. Du samedi après-midi au lundi matin, le couple royal invita l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko pour un séjour au château de Ciergnon, en présence de la reine Fabiola et de la princesse Sayako. Rares sont les membres de familles souveraines à se voir proposer un tel séjour privé. Le couple impérial s'est ensuite envolé pour l'Allemagne.



Visite de la reine Fabiola au Japon en 1995
Photo : Archives du Palais Royal
En mai 1994, le prince Philippe s'est rendu au Japon pour une mission économique. Il fut reçu par le couple impérial et les héritiers lui rendirent visite à l'ambassade belge.

Un peu plus d'un an plus tard, en août 1995, ce fut au tour de la reine Fabiola d'être reçue par le couple impérial. Elle passa quatre jours au Japon avant de se rendre à la quatrième conférence mondiale sur les femmes à Pékin. Le 30 août, l'impératrice Michiko a rendu visite à son amie à l'ambassade belge.

La même année, pour l'anecdote, un « Jardin Roi Baudouin » fut inauguré au sein des jardins d'Hoegaarden avec un buste du souverain. Un colombier venant de Laeken prit place également dans ce jardin, tout comme un cèdre du Japon dont les graines avaient été offertes au roi Baudouin par l'empereur Hirohito.



En 1996, ce fut au tour du roi Albert II et de la reine Paola d'effectuer une visite d'Etat au Japon du 21 au 25 octobre. Le dernier voyage de l'ancien prince de Liège comme président d'honneur de l'Office belge du Commerce extérieur remontait à avril 1993. Pour cette visite, le prince Philippe se trouvait déjà sur place à partir du 19 octobre et il accueillit ses parents à l'aéroport aux côtés des princes héritiers et du prince Hitachi. La reine Paola avait choisi comme dame d'honneur lors de ce voyage la baronne de Maere d'Aertrycke qui avait connu l'impératrice Michiko lors de son passage en Belgique en 1957. Un déjeuner intime réunit les deux couples souverains le premier jour. Le baiser qu'échangèrent Paola et Michiko étonna la presse japonaise. Tout comme lors de la visite d'Etat de 1964, un service de porcelaine de Tournai fut offert au couple impérial. Celui-ci offrit quant à lui un tableau de Kaii Higashiyama aux souverains belges. Le programme officiel fut marqué par un déplacement entre Oyama et Ashikaga à bord du train impérial qui n'était plus sorti depuis 1987 et qui avait été récemment restauré. Cela attira de nombreux Japonais sur le parcours du train impérial qui avait déjà transporté le roi Baudouin et la reine Fabiola en 1964. Ce déplacement inspira d'ailleurs à l'empereur Akihito un waka. La réception de retour réunit toute la famille impériale à l'ambassade de Belgique. Le prince Philippe resta sur place un jour supplémentaire afin de promouvoir le commerce extérieur.




Mariage du prince Philippe en 1999
Photo : Jiji Press
En juin 1997, le prince Philippe était de retour au Japon pour une nouvelle mission économique. Il fut reçu par le couple impérial et assista à un séminaire sur les hautes technologies à l'ambassade belge en présence du prince Hitachi. Deux ans plus tard, à la fin du printemps, le prince Philippe s'est de nouveau rendu au pays du Soleil levant. Lors de ce séjour d'une semaine, il assista en compagnie du prince Takamado, président honoraire de la fédération japonaise de football, au match opposant la Belgique et le Japon dans le cadre de la Coupe Kirin. Cette année-là, la Belgique et le Pérou étaient les pays invités. Avec le prince héritier Naruhito et la princesse héritière Masako, le prince Philippe visita également le Musée d'Edo à Tokyo. Les héritiers firent six mois plus tard le déplacement en Belgique pour assister au mariage du prince Philippe avec Mathilde d'Udekem d'Acoz. Ils séjournèrent en Belgique du 3 au 7 décembre 1999 et passèrent notamment par Durbuy, jumelé depuis 1995 avec Hanyu, où ils firent étape dans une célèbre adresse.



Après avoir assisté à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques à Sydney, le prince Philippe et la princesse Mathilde ont effectué un séjour privé au Japon du 24 au 27 septembre 2000. Ils furent reçus à dîner par le couple impérial, en présence de la princesse Sayako. Le prince Naruhito et la princesse Masako leur servirent de guides. Ils visitèrent ensemble dans la capitale le musée national et le parc aquatique. Les héritiers japonais assistèrent aussi à un déjeuner à la résidence de l'ambassadeur belge ainsi qu'à la réception organisée à l'ambassade avant le retour du couple en Belgique. Un an plus tard, les deux princesses héritières ont donné naissance à des filles à quelques jours d'intervalle : la princesse Elisabeth est née le 25 octobre, suivie par la princesse Aiko le 1er décembre. En octobre 2000, ce fut au tour de la princesse Astrid et du prince Lorenz de se rendre pour cinq jours en privé au Japon. Ils furent reçus par le couple impérial et ont assisté à une réception à l'ambassade de Belgique en présence du prince et de la princesse Takamado.


A l'occasion de la Coupe du Monde de football en 2002, le prince Philippe et la princesse Mathilde ont fait le voyage jusqu'au Japon. Le couple fut accueilli à l'aéroport le 2 juin par les héritiers qui se joignirent le lendemain à une réception organisée dans un hôtel tokyoïte en présence également du prince et de la princesse Hitachi. Les trois couples, rejoints par le prince et la princesse Takamado, assistèrent ensuite au match opposant la Belgique et le Japon. Le 4 juin, le prince Philippe et la princesse Mathilde furent successivement reçus au palais Togu par le prince Naruhito et la princesse Masako, puis au palais impérial par le couple impérial accompagné de la princesse Sayako. En février 2003, le prince Laurent effectua son unique déplacement officiel au Japon en sa qualité de président d'honneur de l'Orchestre National de Belgique qui y donnait un concert. Le prince et la princesse Akishino assistèrent également à ce concert. Le prince Laurent fut reçu en audience uniquement par l'impératrice Michiko, l'empereur Alihito étant convalescent après une opération à la prostate le mois précédent. Le fils cadet du roi Albert II et de la reine Paola dîna également avec les héritiers au palais Togu et retrouva le prince et la princesse Akishino à l'ambassade belge pour une réception.



En juin 2005, le prince Philippe s'est rendu en mission économique au Japon. Ce fut également l'occasion de visiter l'Exposition internationale spécialisée à Aichi lors de la journée belge. Il y était accompagné par le prince et la princesse Hitachi. Le prince Philippe fut comme à chaque fois reçu par le couple impérial, accompagné de la princesse Sayako. Il retrouva également le prince héritier Naruhito au palais Togu. Le prince Philippe, accompagné de la princesse Mathilde pour une partie du programme, a présidé sa quatrième et dernière mission économique au Japon du 9 au 16 juin 2012. Reçu par les héritiers pour un lunch le 11 juin, le couple a retrouvé le lendemain le prince et la princesse Hitachi lors d'une réception dans les nouveaux bâtiments de l'ambassade belge inaugurés en 2010. Après cette réception, le couple princier a été reçu à dîner par l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko.


Lors de grands rendez-vous du gotha, les membres de la famille royale belge ont également eu l'occasion de revoir à plusieurs reprises le prince héritier Naruhito, tandis que son épouse la princesse Masako était privée de voyages à l'étranger par l'Agence de la Maison impériale en raison de sa dépression nerveuse. Ce fut le cas notamment en mai 2004 lors du mariage du prince héritier Frederik de Danemark où les trois enfants et beaux-enfants du roi Albert II étaient présents, ainsi qu'en juin 2010 pour le mariage de la princesse héritière Victoria de Suède auquel assistait l'ensemble de la famille royale belge à l'exception de la reine Fabiola. Deux ans plus tard, le prince héritier Naruhito a retrouvé l'ensemble de la famille royale belge à l'occasion du mariage du grand-duc héritier Guillaume de Luxembourg. Ne disposant pas de décoration luxembourgeoise, le fils aîné de l'empereur Akihito portait d'ailleurs la rosette de l'Ordre de Léopold lors de la cérémonie religieuse. La veille au soir, il avait eu l'occasion de discuter avec la reine Paola qui était sa voisine lors du dîner de gala. En avril 2013, la princesse héritière Masako accompagna de nouveau son époux à l'étranger à l'occasion de l'accession au trône du roi Willem-Alexander des Pays-Bas où le prince Philippe et la princesse Mathilde étaient également présents. Ne se déplaçant pratiquement jamais à l'étranger pour ce type d'événements, l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko ont tout de même assisté au jubilé de diamant du roi Bhumibol de Thaïlande en 2006 et au lunch organisé au Palais de Buckingham dans le cadre du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012. Ils y ont revu respectivement les héritiers et le couple royal belges.



En avril 2013, la princesse Astrid s'est rendue pour la seconde fois au Japon en tant que représentante spéciale du partenariat « Roll Back Malaria ». Elle fut reçue le 23 avril par le prince héritier Naruhito au palais Togu, puis en soirée au palais impérial pour un dîner offert par l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko. Plus tôt dans la journée, se baladant avec son équipe dans la partie publique des jardins du palais impérial, elle était d'ailleurs tombée par hasard sur le couple impérial et le prince Akishino. La fille aînée de la princesse Astrid, la princesse Maria Laura, se trouvait au Japon en septembre 2014. Elle fut invitée par le couple impérial à prendre le thé avec lui en leur résidence. L'une de leurs petites-nièces, la princesse Akiko de Mikasa, connaît d'ailleurs la Belgique pour l'avoir découverte alors qu'elle étudiait au Merton College au Royaume-Uni.



L'impérarice Michiko et la reine Fabiola, plus que deux amies...
Ambassade de Belgique au Japon en 1992
Photo : Archives du Palais Royal
Après le décès de la reine Fabiola, son neveu le roi Philippe a téléphoné le 8 décembre 2014 au couple impérial afin de le prévenir directement. L'appel téléphonique a duré environ 30 minutes. Il fut décidé que l'impératrice Michiko ferait exceptionnellement le voyage en Belgique pour assister aux funérailles. C'était seulement la seconde fois que l'impératrice Michiko se déplaçait seule à l'étranger après une visite en Suisse en 2002. Les deux femmes s'étaient rencontrées en tout et pour tout quatorze fois. A son arrivée en Belgique le 11 décembre, l'impératrice fut invitée à se recueillir devant la dépouille de la souveraine avant de prendre part à un dîner offert par le roi Philippe et la reine Mathilde. Le lendemain, après les funérailles, l'impératrice Michiko se joignît avec les autres invités royaux au banquet offert au château de Laeken. L'épouse de l'empereur Akihito regagna le Japon le lendemain. Lors d'une conférence de presse accordée à l'occasion de ses 81 ans en octobre 2015, l'impératrice fut amenée à passer en revue les grands événements qui la marquèrent durant l'année écoulée. Elle évoqua le décès de la reine Fabiola qu'elle compara à « une sœur aînée depuis quatre décennies ».



Du 9 au 15 octobre 2016, le roi Philippe et la reine Mathilde ont effectué une visite d'Etat au Japon à l'occasion de la célébration du 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. L'empereur Akihito et le roi Philippe choisirent d'ailleurs d'accorder leur présidence d'honneur conjointe aux différentes célébrations prévues à cet effet en 2016. Le 11 octobre, le couple royal fut officiellement accueilli par le couple impérial, accompagné des héritiers. L'accueil fut suivi d'une audience au palais. Le soir, un banquet d'Etat fut servi au palais impérial en présence des deux couples souverains, du prince héritier Naruhito et de la princesse héritière Masako, du prince et de la princesse Akishino accompagnés de leurs deux filles, ainsi que quelques autres membres de la famille impériale. Dans l'assistance se trouvait également Mme Kuroda, l'ex-princesse Sayako depuis son mariage, qui fut jadis invitée par la reine Fabiola en Belgique et en Espagne. Le lendemain de ce dîner, le couple impérial accompagna les souverains belges pour une visite culturelle à Yuki. Ils empruntèrent à cet effet un train, mais pas le train impérial utilisé vingt ans auparavant pour la précédente visite d'Etat belge au Japon. Le soir, le couple royal retrouva les héritiers dans l'intimité de leur hôtel. La presse japonaise rapporta d'ailleurs que le roi Philippe et le prince héritier Naruhito auraient partagé une séance de jogging, une activité physique qu'ils pratiquent tous deux. Les souverains belges ont offert un concert le 13 octobre au Kioi Hall de Tokyo où presque l'ensemble de la famille impériale avait répondu présent. Lors de ce concert, une berceuse composée par l'impératrice Michiko intitulée « Omoi-go » (Cher Enfant) fut interprétée. Ensuite, le roi Philippe et la reine Mathilde prirent officiellement congé de leurs hôtes. 


Merci à Petit Belge et Damien Bilteryst pour leurs informations.