25 janvier 2014

Le Palais Royal : le Salon des Maréchaux

Ce salon date du roi Guillaume Ier et était utilisé à l'époque comme salon d'audience par la souveraine. Par la suite, les souverains belges ont fait de ce salon un lieu où ils pouvaient se retirer à l'occasion de fêtes ou de soirées au Palais, accompagnés du Grand Maréchal, des aides de camp et de l'un ou l'autre invité. A noter qu'il existait également sous le règne du roi Léopold II un lieu nommé deuxième Salon des Maréchaux ou Café des Maréchaux.

Salon des Maréchaux

Ce salon aux murs recouverts de soie brochée jaune-or depuis 1934 abritait plusieurs tableaux de la famille : une réplique de Winterhalter figurant le roi Léopold Ier, le prince Frédéric-Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld en tenue de feld-maréchal autrichien, le prince Philippe, comte de Flandre, à l'âge de 21 ans par Jean Portaels, ou encore l'archiduc Maximilien immortalisé en vice-amiral de la flotte autrichienne.


Café des Maréchaux ou 2ème Salon des Maréchaux

Le fameux tableau de Joseph Damien et Anne Rutten représentant la reine Astrid dans une robe blanche y séjourna également un certain temps, avant d'être relégué quelques années dans le Salon Bleu. Notons également la présence à l'époque d'un buste du cardinal-infant Ferdinand d'Espagne, gouverneur des Pays-Bas espagnols de 1634 à 1641, ainsi que d'une table en ébène incrustée de cuivre et d'argent dotée d'un médaillon à l'image du fondateur de la dynastie belge.


Table en ébène avec l'effigie de Léopold Ier

Dans le cadre du sommet Europe - Asie en 2010, tout comme le Salon Léopold Ier et le Salon Louis XVI, cet endroit du Palais royal a été réaménagé selon les goûts de la reine Paola, une occasion nouvelle d'y accueillir des œuvres contemporaines belges. Le Salon des Maréchaux, durant le sommet, a servi de salle de réunion et de travail pour les délégations étrangères. Quand les visiteurs ont été admis au Palais, ils ont pu découvrir une série de six tableaux et d'un travail vidéo de Michaël Borremans avec pour thème les laquais.

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)


Le bureau à cylindre du roi Albert Ier y a également trouvé sa place, tout comme un globe terrestre datant de 1909 réalisé à Berlin. L'ensemble, créant une ambiance intimiste juste à côté de la Salle du Trône, est élégamment complété par une statuette de la reine Astrid portant son fils Albert dans les bras, des photos de la reine Elisabeth et quelques antiquités.

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)
 

15 janvier 2014

La duchesse Elisabeth de Nassau

La grande-duchesse Elisabeth (Elizabeta) Michailovna est née le 26 mai 1826 au Palais du Kremlin. Petite-fille du tsar Paul Ier, elle est la fille du grand-duc Michel de Russie (1798-1849) et de la princesse Charlotte de Wurtemberg (1807-1873), devenue suite à son mariage et sa conversion à la religion orthodoxe la grande-duchesse Elena Pavlovna. Elle a reçu le prénom de sa tante, veuve du tsar Alexandre Ier, décédée quelques mois plus tard et dont était très proche sa mère. Surnommée « Lili » dans l’intimité familiale, elle a grandi au palais Mikhaïlovski de Saint-Pétersbourg. 
 
(© Stadarchiv Wiesbaden)

En juin 1840, le duc Adolphe reçoit le tsar Nicolas Ier et la tsarine Alexandra au château de Biebrich dans un voyage qui les emmènent à Bad Ems. Durant l’été de la même année, il rencontre pour la première fois, dans la station thermale de Bad Ems, la grande-duchesse Elisabeth qui n’a alors que quatorze ans. Des projets de mariage semblent être insistants à partir de 1843. L’idée de cette union viendrait de la belle-mère du duc de Nassau, née Pauline de Wurtemberg, la tante de la jeune Elisabeth. 

Cependant, malgré l’assentiment de la mère de la jeune grande-duchesse, l’union d’un membre de la famille impériale russe nécessite l’approbation du chef de famille, en l’occurrence le tsar Nicolas Ier, oncle d'Elisabeth, qui lui-même a des filles à marier, et ne serait pas contre une union entre sa fille Olga avec le duc Adolphe de Nassau. 



A la fin du mois d’avril 1843, la grande-duchesse Elena et ses trois filles, Elisabeth, Maria et Ekaterina, se rendent à Baden-Baden pour y séjourner l’été. C’est l’occasion pour Adolphe, en présence de sa belle-mère Pauline, d’avoir de nouveaux contacts avec la famille impériale. Un mariage est finalement décidé et le duc de Nassau se rend pour la première fois en Russie afin de demander au tsar la main de sa nièce. Il fut reçu à Ropsha où se déroulaient alors les manœuvres militaires et l’avis fut favorable. Les futurs époux se revoient tout naturellement, entre eux on parle alors de « coup de foudre » et les fiançailles se sont célébrées dans l'intimité le 3 septembre, avant que l'annonce officielle ne soit diffusée en Russie puis dans le duché de Nassau. 

Alors que le souverain est rentré en son duché, les tractations entourant le mariage vont bon train. Il a été décidé une dot équivalente à 1.880.000 de florins, somme à laquelle participe le tsar Nicolas Ier à hauteur d’un septième. La date du mariage est finalement fixée pour le 31 janvier 1844, dans la foulée du mariage de l’une des filles du tsar, Alexandra, avec le prince Friedrich-Wilhelm de Hesse-Kassel, trois jours auparavant. 

Le duc Adolphe de Nassau par Moritz Michael Daffinger
(aquarelle réalisée dans les années 1840)


Le 26 décembre 1843, le duc Adolphe arrive en Russie, avec une partie de son entourage, ce qui lui permet d’assister au bal des fiançailles de la grande-duchesse Alexandra. Le lendemain, il est nommé à la tête du régiment d’Uhlans d’Odessa. Suite à son mariage, devenu général de cavalerie au sein de l’armée russe, Adolphe a reçu diverses décorations : il a été fait chevalier de l’Ordre de Saint-André, de l’Ordre de Saint-Alexandre Nevski, de l’Ordre de l’Aigle blanc, ainsi que chevalier de 1ère classe de l’Ordre de Sainte-Anne et de l’Ordre de Saint-Stanislas. 

Les fiançailles officielles du couple ont été célébrées le 1er janvier 1844 au Palais d’Hiver. Le mariage s’y est également déroulé, et ce dans l’église selon le rite orthodoxe. La mariée, portant une couronne comme le veut la tradition, arborait un manteau de velours rouge brodé d’hermine qui se terminait par une longue traine. Le duc Adolphe portait, lui, un tout nouvel uniforme, réalisé à Paris. La journée s’est poursuivie par une autre cérémonie dans une salle du palais dans laquelle un autel luthérien avait été tout spécialement érigé. 

 
Tableau de Vladimir Hau (années 1840) se trouvant dans
le bureau du Grand-Duc au Palais grand-ducal

S’en suivirent une semaine de festivités avec notamment un bal masqué, une soirée à l’opéra, un ballet au Palais d’Hiver ou encore un bal donné par la grande-duchesse Elena pour 850 invités. C’est le 2 mars 1844 que le couple quitte finalement Saint-Pétersbourg, non sans des sentiments mitigés pour Elisabeth dû à l’éloignement avec sa famille. Leur voyage de noces les emmène à Berlin, Weimar, Darmstadt et finalement à Wiesbaden où un arc de triomphe salue l’arrivée de la désormais duchesse de Nassau, événement marqué par cinq jours de réjouissances. 

Le couple s’est installé au château de Biebrich où ils mènent une existence plutôt paisible. Alors qu’Adolphe gère les affaires du duché, Elisabeth remplit ses journées en jouant au piano, en s’adonnant à la peinture, elle lit volontiers et se plait à assister à des concerts ou à participer à de petites excursions. La duchesse soutient également quelques œuvres de charité. Le soir, le couple se retrouve souvent pour jouer au whist. 

Par Vladimir Hau (1844)

A la fin du mois d’avril, la duchesse, d’une santé plutôt fragile, se plaint de toux et de douleurs au dos. Ces signes se diluent, au mois de juin, dans d’autres qui annoncent un heureux événement. En décembre, le couple engage déjà une nourrice anglaise en prévision de la naissance, mais l’état de santé de la duchesse se dégrade fortement. Les médecins n’ont en réalité jamais diagnostiqué la tuberculose dont elle souffrait. Dans l’après-midi du 16 janvier 1845, la duchesse de Nassau met au monde une fille, prénommée Elisabeth, qui est décédée peu après. Le lendemain, au château de Biebrich, l’épouse d’Adolphe rend son dernier soupir, des suites de la maladie et des efforts liés à l’accouchement. 

Elisabeth connaît là le même destin que sa cousine Alexandra, mariée quelque jours avant elle. Celle-ci aussi a souffert de la tuberculose, compliquant sa grossesse dont en résulta un garçon, décédé peu de temps après sa naissance, suivi de la mère le jour même. Cette mort inopinée est un réel choc pour le duc Adolphe et il décrète un deuil officiel d’une durée de six mois. D’ailleurs, pendant une année, il n’aura plus le goût de se rendre à la chasse, pourtant sa grande passion. 



Le 1er février 1845, un enterrement préliminaire a lieu et les cercueils de la duchesse de Nassau et de la petite Elisabeth sont exposés dans la chapelle orthodoxe du château de Biebrich. Le 26 février, les cercueils sont placés en l’église Saint-Maurice de Wiesbaden. Ce n’est que provisoire. En effet, le duc Adolphe désire ériger une chapelle orthodoxe en mémoire de son épouse, un témoignage d’affection à la hauteur de son chagrin. Consacrée en 1855, les cercueils y ont été placés le 26 mai, sans la présence du duc de Nassau qui a préféré se rendre à Dessau pour ne pas être confronté à ces douloureux souvenirs. Chaque année, un service religieux était célébré en mémoire de la défunte duchesse Elisabeth de Nassau. Celle qu’il dénommait comme « mon ange » a toujours eu une place dans son cœur, pour preuve le tableau la représentant qu’il a toujours gardé dans son bureau, trône toujours dans l'actuel bureau du grand-duc Henri au Palais grand-ducal. 

(© Anthony Marais)


L'église orthodoxe russe Sainte-Elisabeth a reçu la visite du tsar Nicolas II et de la tsarine Alexandra Fiodorovna et plus récemment du président Vladimir Poutine en 2007. Du 30 août au 1er septembre 2013, le grand-duc héritier Guillaume et la grande-duchesse héritière Stéphanie se sont rendus en Hesse pour le 200e anniversaire de la Bürgergarde de Weilbourg. C'était l'occasion pour le couple de visiter notamment les châteaux de Biebrich et Weilburg, ainsi que l'église dans laquelle on peut admirer la tombe surmontée d'un gisant de la duchesse Elisabeth de Nassau, réalisée dans du marbre de Carrare. 

(© Erhard Blatt)


Source principale : 
JUNG Ellengard (2008), « Herzog Adolph von Nassau und Großfürstin Elisabeth Michailovna Romanovna », Königsteiner Burgfest, 2008, pp. 25-30

2 janvier 2014

La chapelle Reine Astrid de Briquemont

A l'origine gothique, cette chapelle en pierre à été remaniée en 1710. Située sur les hauteurs de la vallée du Vachaux, l'édifice témoigne de l'existence du précédent village de Venagne qui a été détruit par les armées lorraines durant les guerres du XVIIe siècle. Aujourd'hui, la chapelle est comprise dans le hameau de Briquemont, excédant à peine la cinquantaine d'âmes, au sein du village de Mont-Gauthier qui a été rattaché à Rochefort en 1977 dans le cadre de la fusion des communes.



Il s'agit très certainement d'une chapelle castrale liée au château construit au XVe siècle par Guillaume II de Spontin, seigneur notamment de Venagne et de Briquemont. D'ailleurs celui-ci est inhumé dans la chapelle, tout comme son épouse Jeanne, dame de Bastogne et d'Erpent. Une dalle remarquable, dans le pavement du chœur, montre le couple en costumes d'époque ainsi que leurs armoiries. Une autre dalle est quant à elle liée à la mémoire du révérend Barville, vicaire, décédé en 1759.



Dédiée à Saint-Nicolas, la chapelle a été rattachée à la paroisse de Villers-sur-Lesse en 1808 puis à celle de Frandeux en 1830. Le culte y était célébré jusqu'en 1914, date à laquelle l'édifice a été abandonné. L'histoire voudrait que la princesse puis reine Astrid aimait venir s'y recueillir lorsqu'elle se trouvait au château de Villers-sur-Lesse ou au château de Ciergnon

Photo R. Marchand /
Collection personnelle Valentin Dupont


Le Touring Club de Belgique semblait s'intéresser depuis un petit temps à ce lieu et il envoya sur place un de ses correspondants suite au décès tragique, le 29 août 1935, de la reine Astrid à même pas trente ans dans un accident de voiture à Küssnacht en Suisse. En 1935, une asbl Chapelle mémorial de Briquemont, regroupant tant les communes que les habitants de la région, a été créée en vue de transformer la chapelle désaffectée depuis vingt ans en un lieu dédié à la mémoire de la défunte souveraine. Un buste en plâtre de la reine Astrid du sculpteur Gabriel Parentani y a été installé. 

Photo CD)


En 1948, la commune de Mont-Gauthier a cédé, pour un franc symbolique, l'édifice ainsi que le terrain de l'ancien cimetière à la Donation Royale. Cette dernière a alors entrepris des travaux de rénovation et d'aménagement. La chapelle a été notamment entourée d'un enclos ovale bordé de haies et de tilleuls. Le lieu a été classé par arrêté royal en 1982.

A partir de 1978, une messe y a été célébrée tous les 29 août à onze heures. Sauf en 2010, à l'occasion du 75e anniversaire du décès de la reine Astrid. La cérémonie s'était alors tenue le 28 août, de manière à permettre au roi Albert II, d'être pour la première fois présent. En effet, le lendemain, il assistait à une cérémonie d'hommage dans un autre lieu de mémoire lié au souvenir de sa mère : la chapelle de Küssnacht. Après la commémoration religieuse dans la chapelle de Briquemont, le souverain s'est rendu à la ferme la plus proche, située à l'emplacement de l'ancien château, appartenant également à la Donation Royale, pour un moment convivial avec les édiles communaux et les habitants du hameau.