31 août 2013

Le Palais Royal : le Salon Louis XVI

A l'origine un boudoir pour les dames, ce salon date du roi Guillaume Ier des Pays-Bas. Par la suite, il deviendra un lieu de souvenir du roi Léopold Ier. En effet, les toiles et dessins qui ornent encore aujourd'hui les murs de ce salon proviennent du salon du roi Léopold Ier au château de Laeken.
Le souvenir du premier souverain de la dynastie est rappelé par un tableau de Liévin De Winne, représentant Léopold Ier en uniforme. Son grand amour, la princesse Charlotte de Galles, est évoqué au travers d'une allégorie de sa mort, emportée par des anges, la présentant avec son fils mort-né dans les bras. L'œuvre de William Arthur Davis montre d'ailleurs le château de Claremont dans le coin inférieur droit. Une autre toile représente le duc François de Saxe-Cobourg-Saalfeld, le père de Léopold Ier, elle est attribuée à Johann Heinrich Schroeder. Trois œuvres évoquent les enfants du souverain : des dessins du duc de Brabant à l'âge de quinze ans (futur Léopold II) en 1850 et du comte de Flandre à treize ans en 1851, tous deux exécutés par Félix Genaille, ainsi qu'une statuette en marbre de Guillaume Geefs datant de 1842 et représentant la princesse Charlotte, âgée de deux et demi. L'enfant préférée du souverain tient un bouquet.  
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)
Deux toiles qu'appréciaient particulièrement le souverain, amenées de son salon de Laeken, se trouvent dans cette pièce. Il s'agit du roi Salomon encensant une idole, un tableau attribué à Willem De Poorter, ainsi que de la lapidation de Saint-Etienne. Ce dernier a été acheté par Léopold Ier alors qu'il était encore prince. Peint au XVIIe siècle d'après une œuvre de Pierre-Paul Rubens, son auteur n'est pas connu. Il est censé avoir été sérieusement endommagé lors de l'incendie du château de Laeken en 1890. Mais quelques années plus tard il a pu être restauré et réentoilé.
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)
Immanquable, un piano de la seconde moitié du XIXe siècle de la marque Klems de Düsseldorf rappelle le goût pour la musique du roi Léopold Ier. Cette pièce exceptionnelle est en ébène avec incrustations de cuivre et de pierres semi-précieuses. Un autre élément de la pièce mérite que l'on s'y attarde : un pliant d'époque Louis XVI. Il s'agit d'un siège en bois doré, aux balustres croisées et aux larges patins, provenant d'une série destinée à la chambre du roi Louis XVI au château de Compiègne. Transféré aux Tuileries sous l'Empire, cet ensemble a trouvé place en 1805 dans le Grand Salon de l'Impératrice au château de Laeken.

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

En 2009, avec le Salon Léopold Ier et le Salon des Maréchaux, ce lieu a été rénové de fond en comble. La Liste Civile du roi Albert II avait alors réservé 600.000 euros pour les travaux de rénovation du Palais royal, s'appliquant à d'autres lieux que ces trois salons, qui devaient être menés en vue d'accueillir le Sommet Europe - Asie en octobre 2010. Dans le cadre de cet événement international, des salons du premier étage, y compris ce Salon Louis XVI, ont été mis à disposition des délégations étrangères comme lieux de réunion et espaces de travail.

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

La reine Paola, comme toujours dans ce domaine, a laissé son empreinte dans la décoration de ce lieu. Le Salon Louis XVI a été repeint dans un ton bleu et une œuvre de l'artiste flamand Michaël Borremans a fait son apparition. Elle rappelle le thème des laquais déjà utilisé pour une série de cinq tableaux, une commande de la reine, se trouvant dans le Salon des Maréchaux. Mais ici il ne s'agit pas d'une peinture, mais d'un film. D'autres éléments ont également été incorporés sur un meuble : un dessin représentant, alors jeune, la reine Elisabeth, une photo de la souveraine, par Alban, où elle pose avec ses petits-enfants, Joséphine-Charlotte, Baudouin et Albert, et enfin une célèbre et émouvante photographie de la reine Astrid et du prince Baudouin signée R. Marchand. Signalons encore le buste de la reine Elisabeth sur le cheminée, élément supplémentaire associant l'évocation de cette souveraine à celui de la musique.

26 août 2013

Les 25 ans de la princesse Maria Laura

Photo : Guns-De Moor
Maria Laura, Zita, Béatrice, Gerhard, est née le vendredi 26 août 1988 à 16h aux cliniques universitaires Saint-Luc de Woluwe-Saint-Lambert. Elle est le deuxième enfant de la princesse Astrid de Belgique et de l'archiduc Lorenz d'Autriche. L'enfant pèse alors 3,135 kg, mesure 51 cm, a les yeux bleus et des cheveux blonds. C'est le docteur van Lierde qui a supervisé l'accouchement. Un communiqué indique d'ailleurs que la mère et la fille se portent bien et que le père était présent. Sa grand-mère, Paola, avait aussi tenu à ne pas manquer ce moment. Astrid et sa fille ont pu quitter l'hôpital le 2 septembre.

Le couple a déjà un fils, Amadeo, né en 1986. Cette deuxième naissance avait déjà été annoncée en janvier et était attendue pour août ou septembre. La dernière apparition publique de la princesse Astrid remontait au mariage, le 11 juin, de la princesse Nora de Liechtenstein où elle était vêtue d'une ample robe bleu marine. Les derniers moments de sa grossesse, c'est au château du Belvédère, résidence des princes de Liège, qu'Astrid les a passés.

Lorsqu'elle naît, Maria Laura n'entre pas dans l'ordre de succession au trône car la loi salique est encore d'application. Cette dernière sera abrogée en 1991. Depuis lors, elle apparaît dans l'ordre de succession - à l'époque elle est cinquième - mais elle reçoit également le titre de Princesse de Belgique. Ce titre s'ajoute à ceux qui viennent de son père : archiduchesse d'Autriche-Este, princesse impériale d'Autriche, princesse royale de Bohême, Hongrie et Croatie, ainsi que princesse de Modène. Il est d'usage que les titres autrichiens ne sont pas mis en avant en Belgique et d'ailleurs Maria Laura possède le patronyme "de Belgique/van België" et non celui de "von Habsbourg".

Photo : Guns-De Moor
La princesse Maria Laura a été baptisée le 29 septembre dans un salon du château du Belvédère, aménagé pour l'occasion en chapelle, par le cardinal Danneels assisté de deux prêtres. L'archiduc Gerhard et l'archiduchesse Beatrice, frère et sœur de Lorenz, ont été choisis comme parrain et marraine. Dans l'assistance on note naturellement la présence des grands-parents, le prince Albert et la princesse Paola, l'archiduc Robert et son épouse Margherita, ainsi que les princes Philippe et Laurent, les frères de la princesse Astrid, ou encore l'archiduchesse Isabelle, sœur de Lorenz (seul son frère Martin était absent). Le roi Baudouin et la reine Fabiola assistent aussi à la cérémonie, tout comme la grande-duchesse héritière Maria-Teresa, la princesse Margaretha de Luxembourg et sa fille Maria Anunciata, l'archiduc et l'archiduchesse Carl-Christian, l'archiduc Siméon d'Autriche, l'archiduchesse Rodolphe et sa fille Catharina, l'archiduchesse Maria Anna et son époux le prince Pierre Galitzine, etc.

Photo de famille prise au Belvédère à l'issue du baptême (de gauche à droite) : la princesse Margherita de Savoie-Aoste, l'archiduc Robert d'Autriche, la princesse Paola, le prince Albert, Astrid tenant Maria Laura, Lorenz et Amadeo, l'archiduc Gerhard et l'archiduchesse Beatrice

Ensuite, la famille retourne à Bâle en Suisse où elle y réside depuis 1984, dans l'anonymat le plus total. Bien qu'aidée, la princesse Astrid a décidé d'élever elle-même ses enfants. Viendront d'ailleurs ensuite Joachim en 1991, Luisa Maria en 1995 et Laetitia Maria en 2003. La famille effectue cependant de fréquents séjours au Belvédère, résidence dans laquelle une aile leur a été réservée, y compris une nurserie. L'Autriche et le Luxembourg sont également des destinations privilégiées pour des raisons familiales évidentes.

En 1992 avec son frère Amadeo
et le petit dernier Joachim
Photo : Guns-De Moor

Suite à l'abrogation de la loi salique en 1991, dont il a déjà été question, la princesse Astrid devient troisième dans l'ordre de succession, derrière un frère encore célibataire. Cette position oblige la famille à effectuer son installation en Belgique en 1993, dans une habitation située à l'arrière du Palais royal. Peu de temps après, le roi Baudouin décède et c'est son frère Albert qui monte sur le trône. La petite Maria Laura a d'ailleurs assisté aux funérailles de son grand-oncle et à la prestation de serment de son grand-père. Cette situation met encore davantage Astrid en avant et elle assume un rôle officiel à la Cour. Seul enfant des souverains a avoir fondé une famille, cet élément est mis en avant par le Palais dans sa volonté de moderniser son image.


Malgré cette évolution de statut et le titre de Prince de Belgique qui a été accordé à son père en 1995, la princesse Maria Laura connaît une enfance très préservée des médias. Elle est inscrite au collège Sint-Jan Berchmans à Bruxelles où elle effectue ses études primaires et ses trois premières années de secondaires. Ce parcours dans une institution néerlandophone, lui a permis de bien maîtriser la première langue du pays. A de rares occasions, elle apparaît publiquement comme lors de la prestation de serment comme sénateur de droit de sa mère en 1996. On peut la voir également lors du mariage de ses oncles, le prince Philippe en 1999 et le prince Laurent en 2003. Les journalistes ne manquent d'ailleurs jamais sa rentrée scolaire.


En 2002, la famille a déménagé au domaine de Stuyvenberg, où une villa a été construite par la Donation royale à quelques mètres du château qu'occupe la reine Fabiola. La fin de son cycle d'études secondaires de 2003 à 2006, c'est à la St-John International School de Waterloo qu'elle l'effectue. En 2005, le minibus qui la ramène est victime d'un accident sur le ring de Bruxelles. Le véhicule réalise plusieurs tonneaux puis prend feu. Fort heureusement, cet accident sera sans gravité pour Maria Laura et ses camarades. Une rare occasion pour les journalistes de parler d'elle, tout comme en 2008 lorsqu'un Français illuminé inondait de courriers la boîte aux lettres de la famille afin que la princesse accepte d'apparaître dans un film sur l'extinction des dinosaures!

Passionnée par la sinologie, elle a décidé de poursuivre ses études au sein de la School of Oriental and African Studies de l'université de Londres. Outre le français, le néerlandais et l'allemand qu'elle maîtrise, la princesse Maria Laura s'est mise au chinois, langue qu'elle a décidé de parfaire au cours d'un stage de perfectionnement en Chine au cours de l'année académique 2007-2008. Par la suite, elle s'est inscrite en 2008 à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris, une institution qui a vu jadis passer le prince consort Henrik de Danemark. En 2011, elle a effectué un stage de 4 mois à la mission belge auprès de l'Organisation des Nations Unies et on sait que dernièrement elle était à Shanghai pour un stage au profit du groupe LVMH.


Souvent éloignée géographiquement désormais de sa famille, celle qui se fait appeler Laura dans l'intimité apprécie particulièrement les moments qu'elle peut partager avec ses proches, comme les vacances d'été qui réunissent Astrid, Lorenz et leurs cinq enfants dans les Pouilles en Italie. Sa mère a d'ailleurs déjà pu évoquer à diverses reprises les liens très forts qui l'unissent à ses enfants. Ayant une tête bien faite, elle s'intéresse également de près à la mode. Ces dernières années, elle s'est métamorphosée, semble davantage sûre d'elle et fait preuve d'une élégance remarquée. Elle assiste également occasionnellement à des défilés de mode et peut profiter de sa jeunesse, comme presque tous les jeunes de sa génération. Bien qu'elle accompagne sa mère, quand celui lui est possible, à l'une ou l'autre sortie officielle, on imagine mal qu'elle remplisse un jour un quelconque rôle officiel, elle qui est actuellement septième successible. Comme ses frères et sœurs, sans doute qu'elle est loin d'en être d'ailleurs désireuse...


19 août 2013

Evénement du gotha : les 40 ans du prince Harald en 1977

Né le 21 février 1937, l'actuel roi Harald V de Norvège, a célébré son 40e anniversaire en 1977 entouré de sa famille et de ses cousins du gotha. Le roi Baudouin, la reine Fabiola, le grand-duc Jean et la grande-duchesse Joséphine-Charlotte ont d'ailleurs fait le voyage ensemble. Ils ont été accueilli le 18 février par le roi Olav V et son fils Harald à l'aéroport d'Oslo.
 
Le soir, un dîner et un bal ont été offert par le souverain norvégien au Palais royal. Arrivés en retard, la princesse Anne de Grande-Bretagne et son époux Mark Phillips ne figurent pas sur la photo de groupe. Au total ce sont 150 personnes qui avaient été conviées.

 
De gauche à droite :
- Assises :  
la comtesse Flemming Valdemar de Rosenborg (née Ruth Nielsen), la princesse Ragnhild de Norvège, la princesse héritière Beatrix des Pays, la reine Fabiola, la princesse héritière Sonja de Norvège, la reine Silvia de Suède, la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, la princesse Astrid de Norvège et lady Elizabeth Shakerley (fille de la princesse Anne de Danemark) ;
- Au premier rang : le
comte Flemming Valdemar de Rosenborg, le comte Charles-Albert Ullens de Schooten-Whettnall et son épouse née comtesse Madeleine Bernadotte, le prince Claus des Pays-Bas, le roi Baudouin, le roi Olav V de Norvège, le prince héritier Harald de Norvège, le roi Carl XVI Gustaf de Suède, le grand-duc Jean, Johan Martin Ferner (époux de la princesse Astrid de Norvège) et sir Geoffrey Shakerley
- Au deuxième rang : Kristine Rivelsrud et son époux Carl Bernadotte (né prince Carl de Suède), la princesse Christina de Suède et son époux Tord Magnusson
 

Le samedi, la matinée fut sportive. La plupart des altesses ont chaussé leurs skis, sauf la reine Fabiola qui, accompagnée de la princesse Ragnhild de Norvège, a visité le musée du ski. Ensuite, le roi Olav a donné un déjeuner pour 30 personnes en son chalet de Holmenkollen, une ancienne ferme entourée de forêts où le souverain aime séjourner en hiver ou lors des vacances de Pâques. Le soir, c'était au tour du couple héritier de recevoir, cette fois-ci 60 personnes au manoir de Skaugum.
 
 
Le 20 février, le roi Olav V a proposé aux invités royaux de se rendre à une compétition de saut à Vikersund. Le grand-duc Jean, ainsi que le roi de Suède, la princesse Beatrix et l'époux de la princesse Anne n'ont pu résister et se sont lancés eux-mêmes sur les pistes. En fin d'après-midi, il était déjà temps pour les invités de regagner leurs pays pour une nouvelle semaine remplie d'obligations moins festives. 

12 août 2013

L'écrin grand-ducal: les bijoux de la reine Astrid

Dans l'écrin de la famille grand-ducale subsistent plusieurs pièces liées à la mémoire de la reine Astrid. Les éléments les plus connus sont sans doute une paire de boucles d'oreilles et un bracelet-collier, ornés tous deux d'émeraudes. Encore aujourd'hui, la grande-duchesse Maria-Teresa les porte.

La princesse puis reine Astrid portait très souvent une paire de boucles d'oreilles, avec d'imposants pendants incrustés d'émeraudes. Il pourrait s'agir d'un cadeau de ses parents, le prince Carl et la princesse Ingeborg, suite à son mariage. En effet, on sait qu'ils lui offrirent à cette occasion une semi-parure en émeraudes, provenant de la reine Louise de Danemark, composée d'une paire de boucles d'oreilles, d'une broche et d'une croix1. La reine Astrid appréciait tout particulièrement ces pendants et les destinait à sa fille Joséphine-Charlotte comme elle pu le confier à son amie, la comtesse Anna Sparre2.



Bien que la princesse Lilian ait porté ces boucles au début des années 1950, elle furent ensuite cédées, comme souhaité par la reine Astrid, à sa fille Joséphine-Charlotte, sans doute au moment de son mariage en 1953 avec le grand-duc héritier Jean de Luxembourg ou en 1959-1960 lorsque le roi Léopold III s'est retiré de la vie publique. Joséphine-Charlotte les choisissait très fréquemment, et les assortissait avec d'autres bijoux des collections grand-ducales : un collier-diadème en diamants et émeraudes venant de chez Van Cleef & Arpels, le diadème Chaumet doté d'une grosse émeraude, ou encore une broche avec une émeraude sertie de brillants qui peut être accroché à des rivières de diamants.


La princesse Marie-Astrid a au moins porté ces boucles au début des années 1980 à l'occasion d'un bal à la Cour. Elles n'ont, semble-t-il pas, fait partie de la vente aux enchères de 2006. Cependant, cela faisait plusieurs années qu'elles n'avaient plus été vues. En 2007, la grande-duchesse Maria-Teresa les a ressorties à l'occasion du 70e anniversaire du roi Harald V de Norvège. Il en fut de même en 2011 lors de la visite d'Etat du couple grand-ducal en Norvège. Sans doute une attention destinée au souverain norvégien dont la mère, née princesse Märtha de Suède, était la sœur de la reine Astrid.


La reine Astrid possédait bien d'autres émeraudes. Comme un collier à pendants, pouvant être porté en diadème, offert par ses beaux-parents en 1930 suite à la naissance du prince Baudouin, plusieurs broches que la reine Sophie de Suède, décédée en 1913, destinait à sa petite-fille, ou encore une importante broche de la reine Elisabeth qui pourrait d'ailleurs provenir de l'héritage de la comtesse de Flandre voire de l'impératrice Charlotte3. Christophe Vachaudez évoque également un "bracelet aux motifs ondulants orné d'une émeraude centrale"4 comme cadeau de son époux Léopold.

Photo : Sotheby's

Ce bijou a refait surface en 2005 lors d'une exposition consacré à la reine Astrid au Musée BEL-Vue à Bruxelles et en 2006 lorsque les héritiers de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, décédée un an plus tôt, avaient décidé de mettre en vente chez Sotheby's à Paris les bijoux privés de leur mère, ou du moins une partie. Le bracelet, pouvant être porté en collier, était alors estimé entre 15.000 et 25.000 euros. Il faut cependant noter que le catalogue de la vente identifiait cette pièce, datant des années 1920, comme un cadeau de la reine Elisabeth à sa bru suite à la naissance de la princesse Joséphine-Charlotte en 1927.


Joséphine-Charlotte entourée de ses enfants
Guillaume, Margaretha et Jean en 1996
Photo : Lus Castel / Point de Vue
La princesse Lilian l'a porté à quelques occasions au début des années 1950. Il échut par la suite à Joséphine-Charlotte avant 1983. En effet, de source sûre, le roi Léopold III n'a pas légué de bijoux dans son testament. Quand la grande-duchesse l'a donc reçu ? Difficile à dire. Tout comme les boucles d'oreilles, on pourrait raisonnablement penser à 1953 ou en 1960. Cependant, comme Joséphine-Charlotte  ne semble pas avoir porté souvent ce bijou, pourtant si intimement lié au souvenir de sa mère, on ne peut pas exclure qu'elle ait pu entrer en sa possession plus tardivement. A l'instar des relations avec Laken, les rapports entre Argenteuil et la Cour luxembourgeoise s'étaient faits plus difficiles. Mais Léopold III avait tout de même été invité en 1981 et en 1982 aux mariages de ses petits-enfants, Henri, Marie-Astrid et Margaretha. A ma connaissance, Joséphine-Charlotte n'a porté ce bijou, en collier avec les boucles d'oreilles de sa mère, qu'à une seule occasion : le 11 juin 1996 lors des 70 ans du prince Edouard de Lobkowicz célébrés au Ritz à Paris.

Les Luxembourgeois ont désapprouvé l'initiative de la vente aux enchères des bijoux, ainsi que d'une partie de la forêt de Grünewald, qu'ils considéraient comme faisant partie du patrimoine national. Suite au tollé, la vente a donc été annulée. Bien que discrètement des pièces mineures aient été vendues (cf. l'article sur la parure de rubis de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte), les bijoux les plus importants de la succession ont été sauvegardés au sein de la famille. D'ailleurs, Maria-Teresa porte volontiers en collier ce bijou comme lors de la visite d'Etat du couple grand-ducal en Belgique en 2007, au Danemark pour les 70 ans de la reine Margrethe II en 2010 ou encore l'année suivante lors de la cérémonie des Nobel en Suède.



Notes :
1. Christophe Vachaudez, Bijoux des reines & princesses de Belgique, Bruxelles, Racine, 2004, p. 123
2. Anna Sparre (comtesse), La Reine Astrid "Mon amie à moi", Bruxelles, Luc Pire, 1995, p. 126
3. Christophe Vachaudez, Op. cit., p. 123
4. Ibid.

8 août 2013

Entretien avec Damien Bilteryst, auteur d'une biographie sur le prince Baudouin

A l'occasion de sa parution, je vous avais déjà évoqué l'ouvrage consacré au prince Baudouin (1869-1891), neveu du roi Léopold II et qui fut héritier présomptif de la Couronne. Son auteur, Damien Bilteryst, agrégé en lettres et historien, a aimablement accepté de répondre à quelques questions pour Royalement Blog. Par ailleurs, si vous n'avez pas encore lu cette biographie, je vous la conseille vivement. Ecrite avec beaucoup de soin et style, elle a le mérite de faire découvrir une figure méconnue de la dynastie belge et de rectifier certains éléments qui étaient attachés à la vie du Prince. Et bien sûr l'ouvrage permet d'appréhender d'autres membres de la famille royale, ses cousins allemands ou encore le futur prince Louis II de Monaco... !   

 
 
Royalement Blog : Certes il manquait une bonne biographie, comme nous les aimons, au sujet de ce prince qui fut héritier présomptif de la Couronne. Mais qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce personnage?
 
Damien Bilteryst : Le choix de dédier une biographie complète à un prince qui n’a vécu que vingt-et-un ans peut en effet paraître surprenant. Toutefois, l’abondance des sources et la mise en perspective de la vie du prince Baudouin ont permis de relever ce défi. Le livre retrace non seulement le parcours personnel de Baudouin au sein de l’univers si spécifique des Flandre, mais il met en lumière la manière dont le prince était perçu par ses contemporains notamment grâce à une analyse exhaustive de la presse représentée dans ses diverses tendances. N’oublions pas non plus qu’à défaut d’avoir été un acteur, Baudouin a été le témoin privilégié de la vie que menaient le roi Léopold II et sa famille à Laeken et des microcosmes germaniques dans lesquels évoluaient des princes tels que le futur Empereur allemand Guillaume II ou le Tsar Nicolas II de Russie. Baudouin porte d’ailleurs sur eux un regard très avisé.
 
R.B. : Comment pourriez-vous, de manière succincte, décrire la personnalité du prince Baudouin?
 
D. B. : De sa fratrie le prince Baudouin est intellectuellement le plus brillant. Il étudie avec aisance, se passionne – comme beaucoup de Cobourg - pour les sciences : surtout la chimie et la botanique. Son caractère est réservé. Sa formation – une première pour un membre de la famille royale belge – à l’Ecole Royale Militaire le rendra plus sociable et assuré. Baudouin est altruiste, ce qui ne l’empêche pas d’émettre en privé de sévères et pertinentes critiques sur ses contemporains. Il fait part de ses remarques d’une manière ironique et fine, en évitant toutefois d’être blessant. A la fin de sa courte vie, ses proches remarquent une religiosité accrue chez le jeune homme. Il devient plus grave et craint de devoir quitter un jour sa famille et l’existence sécurisante qu’il mène au palais de la rue de la Régence.
 

 
R.B. : Sa mère semblait avoir un avis plus dur sur sa personne par rapport au comte de Flandre. Quelles relations avait-il avec ses parents?
 
D.B. : Il faut se rappeler que la comtesse de Flandre a été élevée avec une sœur vite mariée et quatre frères militaires. Benjamine de sa fratrie, elle a vécu sa première jeunesse dans différentes résidences en fonction des affectations militaires successives de son père. Ce dernier, le prince Charles-Antoine de Hohenzollern, exigeait que ses fils soient énergiques, un terme que la comtesse de Flandre reprendra à son compte lorsqu’elle déplorera que Baudouin ne correspondait pas vraiment aux critères prussiens. En Allemagne, les cousins de Baudouin étaient envoyés dans des écoles de guerre dès dix ans. Ils ne voyaient leurs parents que deux fois par an. On est donc bien loin de la douce et luxueuse existence que les enfants Flandre connaissaient à Bruxelles. Marie craignait en fait que Baudouin ne parvienne pas à s’imposer comme futur souverain, commandant des armées. Contrairement au comte de Flandre qui ne se préoccupait pas de l’avenir dynastique de son fils, la Comtesse envisageait un avenir difficile pour celui qui serait amené à succéder à Léopold II. L’Histoire lui donnera raison, mais ce sera Albert qui devra faire face lors de la Première Guerre mondiale. Donc, il subsistait une certaine incompréhension entre Baudouin et sa mère. La relation avec le comte de Flandre était plus fluide. Le père de Baudouin était plus indulgent et déléguait toutes les responsabilités éducatives à la Comtesse. Lorsque cette dernière était absente de Bruxelles, le comte de Flandre laissait libre cours à son esprit facétieux et s’amusait avec ses enfants, les incitant par exemple à accélérer imprudemment la cadence du pas des chevaux conduisant leur calèche lors des parties de campagne …

R.B. : Son oncle, le roi Léopold II, semble avoir entretenu de meilleures relations à l'égard de son neveu Baudouin plutôt qu'avec son frère Albert. Etaient-ils si différents?
 
D.B. : Baudouin était – en apparence du moins – plus facile à gouverner qu’Albert. Le roi Léopold II l’avait associé dès que possible aux manifestations publiques. Baudouin s’y pliait estimant que c’était son devoir. Après le décès de Baudouin, Léopold II n’a pas reporté sur Albert l’affection qu’il avait envers son frère aîné. Albert était extrêmement taciturne en présence de son oncle. La communication était très malaisée et le Roi a vite renoncé … En ce qui regarde les différences entre les deux frères, je verrais surtout des divergences sur la forme : la douceur de l’aîné et la fougue du cadet, mais sur le fond, ils étaient fort semblables. Leurs lettres privées attestent d’une même ironie caustique exprimée parfois dans un langage codé qui témoigne d’une grande complicité entre les deux frères.
 

 
R.B. : Peut-on dire également qu'il s'agit du premier prince belge qui est inscrit dans ce qu'on appellerait aujourd'hui une logique de communication?
 
D.B. : C’est exactement cela ! On connaît Léopold II comme roi bâtisseur, visionnaire, … et l’on peut sans conteste lui attribuer également la qualité d’excellent « communicant » lorsque l’on voit comment il a réussi à mettre en scène son neveu le prince Baudouin. On assiste de 1884 à 1891 à un véritable feuilleton : de l’entrée de Baudouin à l’Ecole Royale Militaire à ses funérailles, le Roi veut donner une image positive de la monarchie. Le prince Baudouin remplit tous les critères requis : d’un extérieur brillant, il apparaît opportunément pour séduire divers milieux : nous le voyons compatir au sort des mineurs suite à la catastrophe du charbonnage de Pâturages, commander les troupes lors des manœuvres militaires de Roulers, participer aux parades militaires à Hanovre, … Au point que, déstabilisée, la presse radicale appellera le Prince « Baudouin Géraudel » (allusion à la publicité dont un pharmacien français usait sans retenue pour vendre des pastilles …).


 
R.B. : Au travers de ce livre, divers mythes sont démontés comme celui d'une famille bourgeoise, d'un prince Baudouin ayant une très bonne connaissance du néerlandais ou encore d'une idylle avec sa cousine Clémentine. Ces éléments ont-ils été véhiculés par la croyance populaire et/ou des historiens qui se sont penchés sur d'autres membres de la famille de Flandre et qui auraient manqué de rigueur?
 
D.B. : Je n’exprimerais pas cela de cette manière. Les trois éléments que vous citez sont en effet ceux qui méritaient une relecture approfondie. Je les reprends brièvement : l’épithète bourgeoise est une construction journalistique dont l’origine remonte au Journal de Genève qui a appliqué ce qualificatif de « bourgeois » au comte de Flandre, dès … 1859 ! La maîtrise du néerlandais a été utilisée par les milieux royalistes pour complaire à une Flandre en mal de reconnaissance et l’idylle avec Clémentine n’a sans doute pas été suffisamment étudiée sur base de tous les documents originaux. Les sources existent : elles sont fort nombreuses et demandaient une analyse attentive. Si la biographie du prince Baudouin permet de rectifier ces points, j’en suis ravi.
 
R.B. : Après avoir côtoyé, si l'on peut dire, ce Prince durant ce travail de recherches et d'écriture, qu'aimeriez-vous que l'on retienne de lui?

D.B. : Je dirais d’abord qu’il a donné, durant sa brève existence, une image positive de la monarchie à une époque où la popularité du roi Léopold II était mise à mal. Je soulignerais ensuite que son frère « le Roi-Chevalier » s’est construit par rapport à Baudouin, sans cesse présent dans ses pensées jusqu’à donner en 1930 le prénom de son défunt frère à son petit-fils le roi Baudouin. Le prince Baudouin est donc présent de manière pérenne au sein de la dynastie belge.
 

 
R.B. : Après cette première biographie, avez-vous d'autres projets? Et pouvez-vous nous en parler?
 
D.B. : Sans dévoiler les projets, vous imaginez bien Valentin que je ne vais pas facilement me résoudre à déjà quitter l’univers de la famille royale belge du dix-neuvième siècle !
 
R.B. : Impatient d'en savoir plus prochainement, Royalement Blog sera d'ailleurs heureux d'en parler, je vous remercie pour cet entretien!

2 août 2013

Mon récit du 21 juillet 2013

Ce 21 juillet historique fut une journée assez dense. Sur place, j'ai assisté à la scène du balcon. Même si, vu la distance, on a un peu l'impression que ce sont des figurines qui nous saluent. Mais l'ambiance y était survoltée. Cela fait plaisir à voir, notamment avec pas mal de jeunes. C'est un peu comme si la Belgique venait de marquer en Coupe du monde... Finalement, je n'ai pas su obtenir de place pour les tribunes lors du défilé. Je m'étais donc placé côté rue Ducale (en face de l'hôtel de la Liste Civile), car le lieu est moins prisé qu'ailleurs - on peut donc se permettre d'y arriver un peu plus tard -, que l'on y voit correctement le défilé (les troupes passent devant nous, tandis que les véhicules tournent, à quelques dizaines de mètres, à l'angle du Parc Royal) mais surtout parce que la famille royale passe habituellement à la fin du défilé, les vitres baissées. Cependant, cette année, la famille royale est retournée à pied au Palais royal, occasion manquée donc de les voir un peu plus près qu'au matin...
 
(© Valentin Dupont)
 
 
Après cet épisode où j'ai souffert de la chaleur, comme la plupart des personnes présentes, j'ai voulu rejoindre la Grand-Place pour boire un verre avec des amis. Mais après le défilé, c'est souvent la cohue. J'ai eu beaucoup de mal pour entrer dans le Parc royal, pour le traverser, et pour finalement rester bloqué à l'autre bout... Décidant de sortir par l'entrée en face du Parlement pour être certain d'y trouver une issue, je suis tombé en plein parc sur un parcours délimité par des barrières Nadar et quelques badauds qui attendaient déjà. Il était prévu qu'après le défilé le Roi et la Reine effectueraient une visite à la Fête du Parc, mais jamais les lieux précis ne sont communiqués (je suis déjà tombés il y a quelques années sur une visite du stand des Fournisseurs de la Cour par Albert et Paola), et comme la fête s'étend rue de la Régence jusqu'à la Place Poelaert... J'étais en bonne place, normalement ils ne devaient pas trop tarder, j'ai donc décidé d'attendre. De la journée, j'ai donc pu voir de très près le nouveau couple souverain, et même serrer la main du Roi et de lui adresser quelques mots d'encouragements. Le temps aussi de faire quelques photos correctes. Il était prévu que je reste jusqu'au feu d'artifice, mais comme par la suite je ne me suis senti pas très bien (légère insolation), j'ai préféré prendre un train plus tôt.

 
(© Valentin Dupont)
 

Sinon, le choix de la date du 21 juillet était subtil, car chaque année il y a de nombreuses personnes durant les festivités de la Fête nationale (300.000 en 2012). Mais les chiffres de 500.000 personnes en permanence à 700.000 personnes en tout qui ont été avancés me paraissent tout à fait justes. Et la différence avec un 21 juillet classique n'est pas négligeable. J'ai été content de ma journée, une agréable sensation de vivre l'Histoire et de pouvoir des années plus tard dire : "J'y étais!". Même si bien entendu, j'avais tout enregistré chez moi pour pouvoir me repasser le lendemain les moments importants (abdication et prestation de serment). Je suis plutôt satisfait de la première journée de règne du roi Philippe. Pour une journée qui s'est organisée un peu à la va-vite, il n'y a pas vraiment eu de couac. Et ce que je craignais le plus, c'est-à-dire que quelqu'un crie un slogan anti-monarchiste au Parlement comme en 1950 ou  en 1993, ne s'est pas produit (même si cela n'aurait pas été à l'avantage de la N-VA et les partis extrémistes n'étaient pas représentés). Philippe a bien fait son job, montrant enfin ce qu'il avait dans le ventre. Pour moi ce n'était pas une surprise puisque je lui attribue depuis longtemps de bien réelles qualités. Par ailleurs, avec une communication qui s'était améliorée, il avait déjà pu faire meilleure impression dernièrement (missions en Thaïlande et aux Etats-Unis, 20km de Bruxelles, etc.). Mais j'ai trouvé que pour le discours au balcon, même si l'attention était certes très bien, le résultat en fut plus que moyen. La lecture de fiches mises à ses pieds, avec un texte qu'il ne semblait pas avoir assimilé, a redonné une image coincée de lui, même si la foule présente place des Palais lui était toute acquise. Sauf révolution que je n'attend pas vraiment, il ne sera plus autant qu'avant amené à s'exprimer (si ce n'est via des discours qu'il sera censé avoir préparé et digéré). Avec Mathilde et ses enfants, je suis convaincu qu'il pourra encore améliorer son image. Selon des dernies sondages en Flandre, même si ce ne sont que des sondages de surcroit réalisés dans une phase d'état de grâce, 69,6% des Flamands ont jugé bon le discours du Roi et la confiance en Philippe est passée de 49 à 59,3%, toujours en Flandre. Au roi Philippe et au Palais de capitaliser là-dessus jusqu'aux élections de 2014, qui s'annoncent périlleuses, avec les Joyeuses Entrées, une nouvelle équipe au Palais, d'éventuelles visites à l'étranger, un agenda pour le couple aussi - voire davantage - chargé par rapport à avant, sans oublier l'engouement patriotique autour des Diables Rouges.
 
(© Valentin Dupont)