26 février 2013

Qui est qui ?

Cette photo a été prise en 1907 à l'occasion du baptême du prince Sigvard de Suède (1907-2002), fils du futur roi Gustave VI Adolphe et de la princesse Margareth de Connaught. Après un mariage inégal, ce prince perdra ses droits de succession au trône en 1934 et se verra conférer le titre de Comte Bernadotte af Wisborg par la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg en 1951.
 


De gauche à droite :
 
- Assises au sol : les princesses Margaretha (1899-1977) et Märtha de Suède (1901-1954).

- Assis : la princesse Auguste de Suède, duchesse de Dalarna, née princesse Louise de Saxe-Altenburg (1836-1914) ; le roi Oscar II de Suède (1829-1907) ; la princesse Margareta, duchesse de Scania, née princesse Margareth de Connaught (1882-1920) tenant son fils le prince Sigvard ; la reine Sophie de Suède, née princesse de Nassau-Weilburg (1836-1913) ; la princesse Ingeborg, duchesse de Västergötland, née princesse de Danemark (1878-1958).

- Debout : le prince Eugène de Suède, duc de Närke (1865-1947) ; le prince Guillaume de Suède, duc de Södermanland (1884-1965) ; le prince héritier Gustave, futur roi Gustave V de Suède (1858-1950) ; le prince Gustave Adolphe, futur roi Gustave VI Adolphe de Suède (1882-1973) tenant le prince Gustave Adolphe, duc de Västerbotten (1906-1947) ; le prince Carl de Suède, duc de Västergötland (1861-1951).

21 février 2013

Le grand-duc Adolphe



Adolf, Wilhelm, August, Karl, Friedrich est né le 24 juin 1817 au château de Biebrich, résidence des ducs de Nassau à Wiesbaden. Celui dont rien ne présage à sa naissance qu'il deviendra souverain du Luxembourg, est le fils aîné du duc Guillaume de Nassau (1792-1839) et de sa première épouse, la princesse Louise de Saxe-Hildburghausen (1794-1825). Une fille était déjà née de cette union deux ans plus tôt, Therese (1815-1871) qui épousera le duc Pierre d'Oldenburg. Le couple avait également donné naissance en 1814 à une fille, Augusta, morte en bas âge. D'autres enfants suivront : Wilhelm (1819-1823), Moritz (1820-1850), Marie (1822-1824), Wilhelm (1823-1828) et Marie (1825-1902) qui s'est mariée au prince Hermann de Weid. Le mariage de ses parents ne peut pas être qualifié d'heureux, son père apparaissant comme quelqu'un d'intransigeant voire d'intimidant. Âgé de huit ans, il perd sa mère qui décède en donnant naissance à sa soeur Marie en 1825.


Le duc héritier alors adolescent


Son père se remarie en 1829 avec la nièce de sa première épouse, la princesse Pauline de Wurtemberg (1810-1856). Ils donneront deux demi-soeurs et un demi-frère au prince Adolphe : Helene (1831-1888) qui s'est mariée avec le prince George Victor de Waldeck et Pyrmont, Nikolaus (1832-1905) qui contractera une union morganatique avec la comtesse Natalia de Merenberg, et Sophia (1836-1913) qui deviendra reine consort de Suède, ayant épousé le futur roi Oscar II. Une fille est également décédée à l'âge d'un jour en 1830.

En 1835

Le prince Adolphe a reçu une éducation assez rigoureuse. En 1837, à vingt-ans, c'est à Vienne qu'il entreprend des études mais il a dû les interrompre suite à l'annonce du décès de son père le 20 août 1839. Il prend alors les rennes du duché de Nassau. Le 20 avril 1842, suite à l’organisation au château de Biebrich de l’Adelsverein - Société pour la Protection des Immigrés germaniques au Texas -, il en devient le protecteur. En son honneur, un terrain de près de dix-huit kilomètres carrés a été dénommé Nassau Plantation en 1843.


Peint par Vladimir Hau

Le 31 janvier 1844, il épouse à Saint-Pétersbourg la grande-duchesse Elisabeth Michaëlowna de Russie, une petite-cousine, née le 26 mai 1826. Nièce des tsars Alexandre Ier et Nicolas Ier, elle est la fille du grand-duc Michael Pavlovich de Russie (1798-1849) et de la princesse Charlotte de Wurtemberg (1807-1873). Appelée Elena Pavlovna après sa conversion à la religion orthodoxe, cette-dernière n'est autre que la fille de la princesse Charlotte de Saxe-Hildeburghausen (1787-1847), tante d'Adolphe. Ils se sont rencontrés pour la première fois à la fin de l'année 1843 à l'occasion d'un voyage du jeune homme dans la capitale de l'empire russe et sont tombés sous le charme l'un de l'autre. Quelques temps après le mariage, le couple s'est installé au château de Biebrich, où la nouvelle duchesse de Nassau a réussi à conquérir ses sujets. La réussite du mariage est renforcée par l'annonce d'une future naissance. Malheureusement, la duchesse Elisabeth est décédée en donnant naissance à une fille qui n'a pas survécu le 28 janvier 1845. Son époux a tenu à lui rendre un hommage à hauteur de son chagrin. Il a en effet décidé de la construction d'une église russe orthodoxe Sainte-Elisabeth dans le Parc Neroberg de Wiesbaden.


Dans les années 1860
(© National Portrait Gallery/London)

En 1848, il est à l'origine d'un geste important : il est le premier prince allemand à accorder à ses sujets la liberté de la presse, une armée populaire, une bureaucratie libérale et une constitution. Cependant, ces avancées seront révoquées en 1851, comme au sein de la majorité des États appartenant à la Confédération germanique.

Le 23 avril 1851, après six années de veuvage, il s'est marié à Dessau avec la princesse Adelheid-Marie d’Anhalt-Dessau. Née le jour de Noël en 1833, elle est la fille du prince Frederick Augustus d'Anhalt-Dessau (1799-1864) et de la landgravine Marie Luise Charlotte de Hesse-Kassel (1814-1895). De cette union naîtront cinq enfants dont deux seulement parviendront à l'âge adulte : Wilhelm (1852-1912), futur grand-duc Guillaume IV de Luxembourg, Friedrich (1854-1855), Marie (décédée à l'âge d'un mois et demi en 1857), Franz Josef Wilhelm (1859-1875) et Hilda (1864-1952). Cette-dernière effectuera un beau mariage, en s'unissant avec celui qui deviendra en 1907 le grand-duc Frederick II de Bade.
Dans les années 1860

Dans les années 1860', ses relations avec les forces libérales de son duché apparaissent de plus en plus âpres. En mai 1866, contre l'avis de la majorité du Landtag, il se range du côté de l'Autriche dans la guerre qui oppose cet empire à la Prusse. Ce choix s'est avéré très malheureux lorsque la Prusse est sortie victorieuse de ce conflit. Elle annexe donc le duché de Nassau le 7 septembre 1866. Quelques années plus tard, en septembre 1869, Adolphe est parvenu à un accord concernant une indemnité financière et la propriété de ses châteaux à Weilbourg, Biebrich, Königstein et Platte. Cependant, il résidait pour l'essentiel de son temps à Vienne, voire à Francfort, ou encore au château de Hohenburg, en Bavière.



En 1884, la question de la succession luxembourgeoise fait son apparition avec le décès du troisième et dernier fils du roi Guillaume III des Pays-Bas, le prince Alexander. Depuis le Congrès de Vienne en 1815, le Luxembourg, bien qu'indépendant, possède comme chef d'Etat le souverain néerlandais. Un Pacte de famille, datant de 1783, est censé régler la succession au sein de la Maison de Nassau en appliquant la loi salique. Au regard de ce pacte, il est prévu qu'à défaut de successeur mâle chez les Orange-Nassau, le Luxembourg, considéré comme un bien patrimonial, passerait à l'héritier de la branche dite walmarienne des Nassau-Weilbourg. Le roi Guillaume III a abrogé la loi salique pour les Pays-Bas en 1884 permettant à sa fille unique, née de sa seconde épouse, à monter sur le trône à sa mort.



Naturellement, le duc Adolphe est loin d'être désintéressé par cette ouverture et compte bien entrer en lice de manière habile pour la succession. Les visées de celui qui a été dépossédé de son duché, depuis déjà plus de vingt-ans, sont confortées lorsqu'en 1888 la santé du souverain néerlandais se dégrade. En juillet 1888, il a rendu visite à la famille royale aux Pays-Bas et a consulté le gouvernement allemand sur ses droits réels. Deux mois plus tard, il en profite pour se réconcilier avec les Hohenzollern en effectuant une visite sur l’île de Mainau à l’empereur Guillaume II. Soutenu par le président du gouvernement luxembourgeois, Paul Eyschen, il est nommé au printemps 1889 duc-régent du Luxembourg du 8 avril au 3 mai. Et le 4 novembre 1890, il effectue une seconde régence, et ce jusqu’au décès du roi Guillaume III qui intervient le 23 novembre 1890.

A l'occasion des noces d'or du couple

Le 8 décembre 1890, il se rend à Luxembourg avec son fils aîné Guillaume. Le lendemain, il y prête serment, à 73 ans, en évoquant notamment : « L’union entre ce beau pays de Luxembourg et l’antique Maison à laquelle Je préside ». Ce changement de dynastie au grand-duché sera vu par les autres puissances avec une certaine inquiétude. Le nouveau souverain effectue sa Joyeuse Entrée dans la capitale le 23 juillet 1891. Il décide d'acheter les châteaux de Berg, de Fischbach et de Walferdange, la forêt de Grünewald et les ruines du château de Vianden à la Couronne des Pays-Bas. Entre 1890 et 1895, le Palais grand-ducal est aménagé de sorte qu'il puisse accueillir la famille grand-ducale. En réalité, Adolphe et sa famille se trouveront assez peu au Luxembourg, préférant encore et toujours Vienne, Francfort et le château de Hohenburg en Bavière. Il laisse d'ailleurs le pouvoir à son gouvernement et est entouré exclusivement d'Allemands.

La famille au château de Berg, où le grand-duc Adolphe est auprès de ses petites-filles Marie-Adélaïde et Charlotte qui deviendront toutes deux grande-duchesse

Dès son accession au trône, il rétablit l'Ordre de Mérite civil et militaire d'Adolphe de Nassau qu'il avait créé en 1858 et qui avait disparu suite à l'annexion du duché de Nassau. En 1905, après s'être entendu avec la reine Wilhelmine des Pays-Bas, est rétabli l'Ordre du Lion d'Or de le Maison de Nassau comme commun aux deux branches. Il s'agissait déjà d'un ordre commun lors de sa création en 1858, mais le roi Guillaume III avait ensuite effectué plusieurs modifications sans l'accord d'Adolphe, changements que le grand-duc avait aboli en 1892. Sous son égide également, la Fondation de la Fédération des sociétés de musique - Allgemeiner Luxemburger Musikverein - est renommée en 1891 Adolfverband. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle sera rebaptisée en Union Grand-Duc Adolphe. En 1902, il est à l’initiative d’un prix bisannuel portant son nom afin d’honorer le travail et les œuvres d'artistes luxembourgeois. Aujourd’hui, le grand-duc Henri accorde son Haut Patronage au Prix Grand-Duc Adolphe.



Le 4 avril 1902, ayant désormais l'âge respectable de 85 ans, il nomme son fils, Guillaume, lieutenant-représentant. Il décède le 17 novembre 1905 au château de Hohenburg où il fut enterré dans le parc. Depuis 1953, il repose dans la crypte du château de Weilburg. En 2005, pour rappeler le centenaire de son décès, il figure sur une pièce de deux euros commémorative. Le 25 février 2012, en visite à Weilburg an der Lahn dans le cadre du centenaire du décès du grand-duc Guillaume IV, son descendant le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria-Teresa ont inauguré une statue du grand-duc Adolphe.

17 février 2013

Le Palais Royal : l'Escalier de Venise

Cet escalier donne accès aux salons Goya et Léopold Ier. Lors des travaux de 1866, il a été décidé de repenser l'espace. La volée d'escaliers entre le premier et le second étage a été supprimée.
 

Vue de l'Escalier de Venise depuis le rez-de-chaussée
 
 
Trois panneaux monumentaux ont été commandé au peintre Bruxellois Jean-Baptiste Van Moer en 1867 montrant Venise, ce qui a donné le nom à l'escalier. Les panneaux présentent donc des vues de la place Saint-Marc, de la cour intérieure du Palais des Doges et du Canal Grande avec à l'arrière Santa Maria della Salute.
 
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)
 
 
L'artiste, avec ce travail, a encore davantage assis sa réputation de peintre spécialiste de la Sérénissime. Moins de dix ans plus tard, en 1875, le roi Léopold II lui a d'ailleurs commandé deux panneaux supplémentaires, s'intitulant Vue sur la Piazetta et Porta della Carta.
 
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)
 
 

5 février 2013

Lorsque les Rois des Belges prenaient le train

Des ferrovipathes les souverains des Belges ? Ce terme désigne les passionnés des trains et des voies ferrées. La question mérite d'être posée à la vue de divers éléments : des trains royaux, une ancienne gare privée à Laeken, des salons royaux dans plusieurs grandes gares du pays, le projet d'un raccordement direct au château de Laeken, etc.
 
Le roi Léopold Ier avait déjà un intérêt certain pour ce moyen de transport dont la première ligne continentale en Europe, reliant Bruxelles à Malines, a vu le jour en 1835. Naturellement, le souverain était présent pour l'inauguration de cette ligne. A partir de 1848, il utilisa une berline construite en 1841. A la toute fin de son règne, fut livrée une nouvelle berline, construite par les ateliers Cartels.



Le journal "L'Ami de l'Ordre" (n°326) décrit cette berline : « La voiture longue de douze mètres et demi se divise en cinq compartiments. Le compartiment central forme un riche salon pour le Roi et sa famille Royale. Il est recouvert ainsi que le divan régnant dans le pourtour, en satin gris tendre broché et capitonné. Deux portes formées de glaces étamées d'argent s'ouvrent l'une du côté de l'arrière, sur un petit salon réservé qui donne entrée dans une autre pièce d'une ornementation plus simple où sont placés deux divans en forme de couchettes; l'autre porte du côté de l'avant, s'ouvre sur un petit salon, pour la suite du Roi. Cette pièce est tapissée en coteline réduite capitonnée. En sortant de cette pièce, on entre dans le compartiment qui forme la tête de la voiture et qui sert d'office: les parois sont tapissées en cuir doré repoussé; deux meubles-buffets sont fixés aux angles de l'office dont la porte donne issue à l'extérieur au moyen d'une plateforme et d'un pont-volant qui fait communiquer avec une autre voiture ordinaire de 1ère classe réservée à la suite du Roi ». La première affection de cette berline fut d'acheminer l'impératrice d'Autriche, tante de Marie-Henriette, duchesse de Brabant, de Mayence à Anvers. En 1858, il était aussi de ceux qui montèrent à bord du train qui inaugura la ligne Namur-Arlon.



Le second souverain, le roi Léopold II peut être considéré comme un véritable passionné par le chemin de fer, un moyen de transport qui va se développer avec fulgurance sous son règne. Jeune, déjà, son père s'est plaint de lui dans une lettre en ces termes : « Il ne fait rien d'autre que dessiner, principalement des locomotives avec beaucoup de fumée ». En 1877, il met en service la Halte royale, gare privée de la famille royale, sur la ligne entre Schaerbeek et Bruxelles-Midi, située aux confins du domaine royal de Laeken. Le bâtiment est de style néo-classique, dont les bas-reliefs des frontons évoquent les transports par train et par voie d'eau. Plus d'une décennie plus tard, en 1894, Jean Herain sera chargé de décorer l'édifice avec plusieurs sculptures.



Cette gare servait aux membres de la famille royale afin de se rendre en province ou même à l'étranger. Mais ce lieu était également un débarcadère pour les invités du souverain. Un projet plus ambitieux du roi, par la suite, était de relier cette gare directement au château de Laeken. Léopold II voulait faire de son château une sorte de "Palais de la Nation", un lieu qui accueillerait des événements importants comme des conférences internationales. Les délégations étrangères auraient eu de la sorte leur terminus dans une gare souterraine, située au niveau de l'escalier d'honneur. Les différents plans ont été dressés en 1904 par l'ingénieur Foulon, d'après les directives de Charles Girault. Ce projet n'a pas été accueilli avec enthousiasme au sein de la classe politique, le considérant comme la dernière lubie royale. En 1905, seule une partie du raccordement est en chantier avant que l'année suivante les plans soient remaniés. Ce projet s'enlise, notamment avec la cession du Congo à la Belgique en 1908, et donc la perte de plantureux revenus. Finalement, c'est le décès du monarque qui y mettra définitivement un terme, puisque son successeur, son neveu Albert n'a pas souhaité le maintenir, au plus grand contentement des ministres.

Tronçon prévu au sein du projet de Léopold II

Même si ce projet n'a pas été mené à terme, il en existe encore aujourd'hui plusieurs traces. Tout d'abord, la gare souterraine du château de Laeken existe bel et bien, même si elle n'est pas terminée. L'émission "Royalty" de VTM y a eu exceptionnellement accès en 2012. Certains tronçons du tunnel existent également, car ils s'intégraient dans d'autres grands travaux comme l'aménagement de l'avenue Van Praet ou de l'avant-port. Il y a quelques années, cinquante mètres de la "gare" Van Praet, qui n'a jamais vu un seul train, a été mise à disposition du Musée du Transport Urbain Bruxellois pour y stocker du matériel suite à une convention avec la Donation royale. Un bout de tunnel permettant de pénétrer au domaine royal a été quant à lui muré. Lorsqu'on a l'occasion de se promener dans le domaine royal, on voit se dessiner dans la verdure les anciens travaux de terrassements, nécessaires avant d'accueillir la voie ferrée qui été prévue.


La gare du château de Laeken (© VTM/Royalty)

La gare royale de Laeken a continué d'être utilisée par la famille royale et ses invités jusqu'à la fin des années 1970. Par la suite, le bâtiment a été classé en 1996. Le 6 septembre 2001, à l'occasion des 75 ans de la S.N.C.B., le couple royal a embarqué spécialement en la gare royale à bord d'un train spécial qui les a emmené à Anvers, Liège, Louvain et finalement à la gare de Schaerbeek. Là, Albert et Paola ont visité les deux anciens trains royaux (voir ci-dessous). Après cet événement, la gare a été définitivement déclassée et l'intérieur fut vidé. Elle continue de dépendre de la S.N.C.B. et de la Donation royale, mais est actuellement à l'abandon, victime malheureuse des tagueurs.

Le roi Baudouin et la reine Fabiola sortant de la gare royale de Laeken pour prendre le train royal en partance pour Liège



Le roi Léopold II est également à l'origine d'une autre halte royale, cette fois-ci à Houyet, dénommée Station Château d'Ardenne. Tout comme pour Bruxelles ou Ostende, le souverain nourrissait de grands projets pour ce lieu et ses environs, où il possédait plusieurs centaines d'hectares. Selon lui, Houyet aurait pu devenir un lieu touristique incontournable, notamment avec le château d'Ardenne, un luxueux édifice reconverti en hôtel, exploité dès 1898 par la Compagnie Internationale des Wagons-Lits dont le roi Léopold II était un actionnaire. Deux ans plus tôt, une gare strictement destinée aux clients de l'établissement fut construite. Il s'agit d'un édifice circulaire, doté d'une tour carrée d'inspiration médiévale. Une rampe, duquel un salon de repos était accessible, permettait aux clients de se rendre au château via un chemin forestier.


En surplomb, en aperçoit la Tour du Rocher, dynamitée en 1975



Après la Première Guerre Mondiale et des dégâts survenus pour l'hôtel, la station est fermée en 1919. Malgré une réouverture en 1921 de l'exploitation hôtelière, la halte royale n'accueillera plus jamais les résidents fortunés. Dès ce moment, le bâtiment sera sans affectation, par ailleurs l'hôtel a fermé ses portes en 1950 avant d'être victime d'un incendie en 1968. Puis il fut rasé (sauf la Tour Léopold) en 1970. Aujourd'hui, le lieu est tristement laissé à l'abandon, régulièrement squatté et est devenu un rendez-vous prisé des adeptes de raves parties.



Lorsqu'il a visité l'exposition universelle de Paris en 1900, le roi-bâtisseur a été impressionné par le luxe et le confort qui se dégageaient de voitures qui étaient présentées. Pour l'année suivante, il commanda donc des voitures à la Compagnie Générale de Construction basée à Saint-Denis en France, via la Compagnie Internationale des Wagons-Lits. La locomotive destinée au train royal date de 1905 et provient, elle, de la S.A. Saint-Léonard de Liège. Possédant une livrée bleu-violacée, elle peut atteindre une vitesse maximale de 120 kilomètres par heure. Le reste des voitures se trouvaient avec une livrée brune possédant un bandeau beige.



(© Patrick Tassignon)

(© Caramoul25/Flickr/Tous droits réservés)


La berline royale était composée d'un salon central d'un style plutôt néo-classique, décoré de panneaux en acajou poli, de miroirs biseautés, de fauteuils aux velours, rehaussés de motifs feuillus stylisés, d'une couleur vert clair comme les tentures. Le plafond arboré une moulure creuse autour de laquelle se développait une draperie peinte avec des motifs floraux, des paysages au sein de médaillons et diverses allégories. De ce salon, le roi avait accès à des compartiments-lits et à des places assises qui lui étaient réservés. Les autres étaient accessibles de part et d'autre des deux couloirs décorés dans un style Art Nouveau.

Au sein de la voiture restaurant-conférence une table était disposée à l'origine dans le sens de la longueur. Ensuite, plusieurs tables mises dans le sens opposé l'ont remplacé. Les panneaux et les meubles sont en acajou avec des motifs dorés et des ornements de style Louis XVI. Le mobilier, qui a fait son apparition en 1921, est rehaussé du monogramme royal d'Albert Ier. Il s'agit de sièges et d'armoires. Le plafond est ici recouvert d'une draperie avec des représentations allégoriques des plaisirs de la table.


La voiture restaurant-conférence (© Les lignes de l'Entre-Sambre-et-Meuse)


Mise en service en 1912, la voiture salon-restaurant possédait un couloir central, dans un style Art Déco, qui débouchait sur un salon décoré dans le même style, avec notamment une peinture au plafond. Le mobilier se déclinait en fauteuils, en petites armoires et en un secrétaire composé d'une marqueterie alliant bois, ivoire et nacre. Le salon en question permettait ensuite de se diriger vers le restaurant réalisé avec des lambris richement ornementé et agrémenté de meubles de style Louis XV. La voiture-lits date aussi de 1912 et l'année suivante voit l'ajout de deux fourgons comprenant des compartiments-lits. Au final, et selon les besoins, le train pouvait comptabiliser sept voitures et trois fourgons.

Vue sur le salon-restaurant
(© Caramoul25/Flickr/Tous droits réservés)


Vue sur un compartiment-lit (© Les lignes de l'Entre-Sambre-et-Meuse)
 Ce train a servi pour la dernière fois en novembre 1938 lors de la visite d'Etat du roi Léopold III aux Pays-Bas. En effet, le conseil d'administration de la S.N.C.B. a décidé un an plus tôt que le véhicule est désormais inadapté, notamment au niveau de la sécurité. En 1965, les trois voitures d'apparat du train ont été rénovées à l'atelier central de Malines et ont d'ailleurs été repeintes dans leur livrée d'origine. Le train fut par la suite épisodiquement exposé au public (tout comme plus tard son successeur). Ainsi, par exemple, il fit le déplacement en 1967 jusqu'à Ostende à l'occasion du 700eme anniversaire de l'accesion au rang de ville. Pendant plusieurs jours, il est resté à quai pour le plus grand bonheur des curieux.

Un nouveau train est alors construit à l'atelier centrale de Malines entre 1938 et 1939, possédant une livrée uniforme verte à l'instar du matériel habituel. La locomotive, inspirée d'un modèle américain, pouvait désormais atteindre une vitesse de 140 kilomètres par heure. Sauf pour des besoins particuliers, le train était composé de trois voitures. L'écussion royal couleur amarante se trouvait sur chaque long-pan et les portières d'extrémité étaient toutes agrémentées d'une couronne en métal argenté.

(© Caramoul25/Flickr/Tous droits réservés)

La voiture-salon était occupée par les souverains. On y accédait en empruntant un escalier escamotable, on franchissait alors de larges portes à deux battants puis un hall d'entrée d'honneur. Ce hall donnait ensuite accès à deux lieux. Soit le grand salon, prenant toute la largeur de la voiture, décorée avec des bois précieux : l'acajou, bien entendu, mais également des encadrements en wenge, des montants en bois de palmier sculpté ou encore des moulures en avodiré. Plusieurs fauteuils mobiles s'y trouvaient ainsi qu'une tapisserie mettant en scène une chasse aux cerfs. Ou soit le cabinet particulier du Roi agencé avec un guéridon de travail, deux fauteuils et un canapé-lit, le tout décoré avec des panneaux de noyer et des tissus en lin d'une teinte beige. Le reste de la voiture était composée de compartiments de service.

La salon (© Patrick Tassignon)

Autre vue sur le salon (© Caramoul25/Flickr/Tous droits réservés)

La voiture-restaurant était dotée d'une grande salle à manger de douze places, et une plus petite de quatre places. Ces tables ont été fabriquées avec des panneaux de noyer du Caucase. S'y trouvaient également quatre fauteuils faits en peau de porc, d'une teinte beige. Comme dans la précédente voiture, celle-ci était complétée par divers compartiments de service comme une cuisine. La voiture-lits, elle, comprenaient les deux chambres à coucher du couple royal, décoré tantôt avec des éléments en chêne ou tantôt en palissandre. Un salon, servant également de salle de petit-déjeuner, était incrusté entre les deux chambres. Ce salon était meublé d'une table en marqueterie en forme de demi-ovale et d'un meuble de coin en chêne.


La voiture-restaurant (© Patrick Tassignon)

A gauche : vue sur une chambre à coucher ;
A droite : vue sur un cabinet de toilette, réalisé avec des panneaux en acajou venant de Cuba
(© Caramoul25/Flickr/Tous droits réservés)
Ce train royal a été utilisé pour la première fois en mai 1939 dans le cadre de la visite de la reine Wilhelmine des Pays-Bas en Belgique. Le roi Léopold III s'en servi également pour ses Joyeuses Entrées à Liège et à Mons, respectivement le 28 mai et le 4 juin 1939. Le train a été retrouvé intact après la Seconde Guerre Mondiale et a été de nouveau utilisé dès le mois d'octobre 1945, sous la régence du prince Charles, pour la visite du président français Charles de Gaulle à Bruxelles. Avec le roi Baudouin, ce moyen de transport sera assez régulièrement utilisé comme lorsqu'il inaugure en 1952 la jonction entre Bruxelles-Nord et Bruxelles-Midi. Des souverains étrangers en feront également usage lors de leurs visites d'Etat. Ce fut le cas de l'empereur Hirohito et l'impératrice Nagako du Japon en 1971 ou de la reine Margrethe II et du prince Henrik de Danemark en 1976. C'est cette dernière date qui est souvent mentionnée pour indiquer la mise au repos du train royal. Mais il fut vraisemblablement utilisé encore en 1982 par la famille royale pour se rendre au moins à l'un des mariages princiers au Luxembourg.

Le roi Baudouin et la reine Fabiola embarquent à bord du train royal à destination de Liège en la gare royale de Laeken

Remarquons également qu'il existe plusieurs salons royaux dans plusieurs grandes gares du pays, censés pouvoir y faire patienter les membres de la famille royale avant qu'ils embarquent. Accoutumée de la station balnéaire d'Ostende jusqu'au début du règne de Baudouin, la famille royale disposait d'un salon royal au sein de la gare qui abrite aujourd'hui le bureau du chef de gare. En 1952, un endroit similaire a été inauguré à la gare de Bruxelles-Central par le roi Baudouin. Passant presque inaperçu, il se situe derrière deux grandes portes brunes surmontées du lion royal et de la devise nationale. Un couloir en marbre conduit à une pièce d'environ cinq mètres sur trois, décorée au monogramme du monarque, de meubles précieux, de sièges recouverts de cuir par les soins de la prestigieuse maison Delvaux, ainsi que par des tableaux. De ce salon, une petite salle de bain était accessible, tout comme un ascenseur.



Ce salon a accueilli de nombreux hôtes illustres en visite en Belgique dans les années 1950 : l'empereur Hailé Sélassié Ier d'Ethiopie, le Shah d'Iran, la grande-duchesse Charlotte et le prince Félix de Luxembourg ou encore le roi Bhumibol et la reine Sirikit de Thaïlande. Avec les années, ce salon a perdu de son intérêt. Le lieu a été classé en 1995. Bien que la gare en soit devenue le propriétaire 2007, elle doit théoriquement être dans la possibilité d'accueillir à tout moment un membre de la famille royale. C'est pourquoi le salon est censé être nettoyé chaque jour. Mais ces dernières années, des visites y ont été organisées ainsi que des conférences. Les gares de Bruxelles-Midi et de Bruxelles-Nord possédaient également un salon destiné au souverain. Mais le premier est aujourd'hui une salle de réunion, tandis que le second n'existe plus suite à des travaux de rénovation.