16 mars 2012

Le grand-duc Guillaume IV




Le 25 février dernier, le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria-Teresa étaient présents à Weilburg, en Allemagne, à l'occasion du centenaire du décès du grand-duc Guillaume IV dont le corps repose dans la crypte du château (photos).  Le grand-duché a également battu une pièce commémorative de deux euros en cette occasion (photo).

Wilhelm Alexander de Nassau est né le 22 avril 1852 au château de Biebrich, résidence des Nassau située à Wiesbaden. Il est le fils du duc Adolphe de Nassau (1817-1905) et de la princesse Adélaïde d'Anhalt-Dessau (1833-1916). Son père est le duc en titre du modeste État depuis 1839. A sa naissance, il devient donc l'héritier d'un duché dont il ne prendra jamais la tête puisqu'en 1866 il est annexé par la Prusse. En effet, lors de la guerre opposant l'Autriche et la Prusse, le duc Adolphe a apporté son soutien à l'empire autrichien. Suite à la défaite de ce dernier, et après une confortable compensation financière, Adolphe doit se résoudre d'abandonner son duché au roi Guillaume Ier de Prusse (futur empereur d'Allemagne). Cet événement, malgré son jeune âge, le marque fortement.

La famille s'agrandit en 1859, avec la venue du prince François (décédé à l'âge de seize ans), puis en 1864 suite à la naissance de la princesse Hilda. Cette dernière épousera en 1885 le futur Frédéric II de Bade dont l'union restera sans postérité (elle est décédée en 1952). Le prince Guillaume entre en 1867 à l’École royale des Cadets de Saxe à Dresde. Il passe l'examen d'officier autrichien le 17 octobre 1871. Lorsqu'il met fin à sa carrière militaire, il a alors atteint le grande de major général et occupe le poste de général de brigade des hussards au service de l'Autriche.

En 1884, le prince Guillaume s'éprend de la princesse Marie-Anne (née Maria Ana) de Bragance. Fille de l'ex-roi Miguel Ier de Portugal et de la princesse Adélaïde de Lowenstein-Wertheim-Rosenberg, elle est née en 1861 au château de Bronnbach, dans le grand-duché de Bade où ses parents se sont exilés en 1834. Elle a reçu une éducation dans des pensionnats catholiques privés à Metz puis à Mayence. Mais la religion de la princesse pose problème pour Adolphe qui refuse l'union d'un Nassau luthérien avec une Bragance catholique.

En 1890, le Luxembourg, jusqu'alors intimement lié à la couronne néerlandaise, passe aux Nassau-Weilbourg. Le roi Guillaume III des Pays-Bas vient de mourir sans descendance masculine. Puisque le Luxembourg applique à cette époque la loi salique, ce territoire revient à Adolphe, selon un traité conclu en 1783 par les branches ottoniennes et walmariennes de la Maison de Nassau. La question de la succession s'était déjà ouverte en 1884 avec la mort du dernier fils du roi des Pays-Bas, le prince Alexander. Après diverses tractations politiques marquées par la visite d'Aldolphe à Guillaume III ainsi qu'à l'empereur Guillaume II d'Allemagne, sans oublier le soutien du Ministre d’État de l'époque, l'ancien duc de Nassau en titre apparaît comme le successeur du roi et est installé au printemps 1889 régent du grand-duché jusqu'au décès du souverain hollandais. Lors de la cérémonie, son fils, futur grand-duc héritier, est naturellement présent.


Le désormais grand-duc Adolphe règne sur une population majoritairement catholique et l'ancien projet de mariage de son fils devient davantage acceptable. Guillaume et Marie-Anne se marient - après une dispense du pape Léon XIII - le 21 juin 1893 au château de Fischborn en Autriche. La cérémonie est présidée par l'archevêque de Salzbourg et un pasteur luthérien de Vienne. Le contrat de mariage précise cependant que les enfants à naître seront élevés dans la foi protestante s'il s'agit de garçons, et dans la foi catholique s'il s'agit de filles. Puisque ce n'est que des filles qui naîtront, cet élément explique pourquoi la famille grand-ducale a rejoint le cercle des monarchies catholiques.

Le couple fait sa Joyeuse Entrée dans Luxembourg-Ville le 22 juillet 1893 et s'installe ensuite au château de Colmar-Berg, une propriété achetée par le grand-duc Adolphe en 1890 et qui se situe à une vingtaine de kilomètres de la capitale. C'est là qu'y est né le premier enfant du couple, Marie-Adélaïde, le 14 juin 1894. Cinq autres filles suivront : les princesses Charlotte (1896), Hilda (1897), Antonia (1899), Elisabeth (1901) et Sophie (1902). Outre le château de Berg, la famille passe beaucoup de temps à Hohenburg ainsi qu'à Königstein.

Le grand-duc Adolphe décède au château de Hohenburg le 17 novembre 1905. Depuis le 4 avril 1902, le grand-duc avait déjà délégué ses pouvoirs en nommant son fils lieutenant-représentant. Une délégation de la Chambre des députés luxembourgeoise fait le déplacement pour assister aux funérailles du souverain et pour y recevoir également le serment constitutionnel de son successeur, le grand-duc Guillaume IV qui avait déclaré :

Souverain constitutionnel, Je Me rangerai en dehors et au-dessus des partis politiques. Les Luxembourgeois aiment leur patrie et ses libres et anciennes institutions. C'est pourquoi tous Me sont également chers et Je dois leur être utile à tous... Dites à tous que Ma vie entière appartient à notre chère Patrie. Et dans ce sens Je reprends la fière devise de Notre vieux Comte Jean l'Aveugle: « Ich dien ! »

Cependant, son règne sera marqué par la maladie. Ayant déjà affronté cela en 1898, il est à nouveau victime d'une attaque cérébrale en janvier 1906. Cet incident l'empêche de revenir au grand-duché et son épouse, Marie-Anne, avec un grand dévouement, le soigne personnellement. Reprenant peu à peu des forces mais toujours diminué la question de la future résidence à occuper au Luxembourg se pose : Colmar-Berg est vétuste, le Palais grand-ducal ne possède pas de jardin et le château de Walferdange est jugé trop humide. La solution qui est prise est une rénovation du château de Berg qui est presque reconstruit en entier. Les travaux dureront quatre années, durée pendant laquelle la famille grand-ducale continue de résider à Hohenburg.

Puisque Guillaume IV n'a pas de fils, la couronne luxembourgeoise devrait revenir à une branche collatérale fondée par son oncle, le prince Nicolas Guillaume de Nassau, mort en février 1905. Cependant celui-ci a réalisé un mariage morganatique avec Natalya Alexandrovna Pouchkine, la fille du célèbre écrivain, et dont est issu une descendance masculine. En 1907, le grand-duc déclare comme non-dynaste le comte Georges de Merenberg, son cousin. Proclamant un nouveau statut de famille, il désigne désormais sa fille aînée, Marie-Adélaïde, comme héritière présomptive de la Couronne. Ce statut soumis à la Chambre sera adopté le 10 juillet 1907, faisant de l'aînée des enfants des souverains la grande-duchesse héritière.

La santé de Guillaume IV reste une problématique. Ses fréquents séjours dans les stations balnéaires d'Abbazia (Croatie) et de Santa Margherita (Italie) ne fournissent aucune rémission. Conscient de l'aggravation de son état ne présageant rien de bon pour l'avenir proche, il se résout à demander le 19 mars 1908 auprès de la Chambre la mise en place d'une lieutenance au profit de son épouse. Elle prête alors serment à Santa Margherita devant une délégation venue du Luxembourg. En novembre, les médecins, constatant que le grand-duc a perdu l'usage de la parole et de ses jambes, jugent qu'il est désormais incapable de réactions physiques et intellectuelles. L'instauration d'une régence est dès lors inévitable. Le gouvernement s'adresse tout d'abord à la grande-duchesse douairière Adélaïde qui refuse, souhaitant soulager sa belle-fille en s'impliquant dans l'éducation des princesses. Sur proposition du Conseil d’État, la Chambre nomme la grande-duchesse Marie-Anne, déjà lieutenant-représentant, comme régente, fonction qu'elle assume à partir du 13 novembre 1908. Elle prête serment, comme son époux, au château de Hohenburg, toujours devant une assemblée de députés venus du Luxembourg. La famille grand-ducale revient enfin au grand-duché en septembre 1911, les travaux au château de Berg enfin terminés. Là, la régente peut pleinement remplir les tâches que sa fonction lui incombe comme la réception du roi et de la reine des Belges, Albert et Elisabeth.

Le 25 février 1912, le grand-duc Guillaume IV est délivré par la mort de sa longue maladie qui s'était encore aggravée par un carcinome du larynx, attrapé lors de son dernier hiver. Il est inhumé le 4 mars à l'église protestante de Luxembourg. Mais le 25 juillet de la même année, sa dépouille est transférée dans la crypte des Nassau du château de Weilburg, où il repose toujours actuellement.

Cortège funèbre du grand-duc Guillaume IV

Comme il avait pu en prendre les dispositions avant de devenir impotent, sa fille Marie-Adélaïde prend sa succession. Âgée de 17 ans et huit mois, la grande-duchesse Marie-Anne continuera d'assumer la régence jusqu'à la majorité de son aînée qui prête à son tour serment le 18 juin 1912.

Le cercueil accueillant la dépouille de grand-duc dans la crypte du château de Weilburg

8 mars 2012

"Géraldine, reine des Albanais" de Joséphine Dedet


La comtesse Géraldine, Margit, Virginia, Olga, Marie Apponyi de Nagy-Appony est née le 6 août 1915 à Budapest, en pleine guerre mondiale. De par son père, le comte Gyula (1873-1924), elle descend d'une des plus vieilles familles de la noblesse hongroise dont les origines remontent au IXe siècle. Grâce à sa grand-mère paternelle, née comtesse Margit de Seherr-Thoss, et son aïeul le prince Joachim-Ernest d'Anhalt (1536-1586), elle est apparentée à de nombreux souverains européens, comme le roi Albert II ou le grand-duc Henri. Sa mère, Gladys-Virginia Steuart (1891-1947), est quant à elle issue de la bonne société américaine et descend d'Irlandais et d’Écossais qui ont migré vers le Nouveau Continent.

"Wee-Wee" (Tout-petit), comme sa famille l'a surnommé, est de santé très délicate - elle frôle la mort à plusieurs reprises lors de son enfance - et sera rejointe par une sœur, Virgina (1916-2002), et un frère, Gyula (1923-1950). L'Autriche-Hongrie défaite, sa famille, ruinée, s'exile en Suisse auprès de sa grand-mère maternelle qui s'est remaniée avec Gustave de Strale d'Ekna, ancien chambellan du roi de Suède. C'est là qu'ils vivent l'éclatement de l'empire, l'humiliation du Traité de Trianon (la Hongrie perd deux-tiers de son territoire), la proclamation d'une république et les soubresauts de la vie politique hongroise.

La famille regagne enfin sa terre natale durant l'été 1921. Cependant en 1924, son père décède à l'âge de 48 ans. Désireuse de fuir des souvenirs douloureux, sa mère décide de quitter Budapest et la famille s'installe alors sur la Côte d'Azur. Une situation voulue provisoire mais qui s'inscrit dans le permanent. Géraldine y fréquente un couvent à Monaco puis le lycée de Nice. Reprenant goût à la vie, sa mère se remarie avec un Français, le lieutenant-colonel Gontran Girault. De cette union naîtront trois enfants : Sylviane (1928), Guy (1930) et Patricia (1932).

Sur insistance de sa grand-mère paternelle, Géraldine et sa sœur Virginia retournent fréquemment en Hongrie, dans le château familial à Nagy-Appony. En mars 1930, elles y retournent de manière plus durable et sont scolarisées au couvent du Sacré-Coeur de Pressbaum, où Géraldine laisse le souvenir d'une bonne élève, pieuse, plongée dans les livres et déjà très jolie. La future reine d'Albanie y termine ses études par un examen passé à l'université de Vienne. Après le décès de sa grand-mère Margit, elle partage son temps entre Vienne, chez une cousine, et le château de Grüben auprès de sa tante Fanny Karolyi. Elle s'investit d'ailleurs dans le Club Tournesol fondé par cette dernière, une association ayant pour but de lutter contre la misère et l'ignorance à Zebegény pour laquelle elle dispense en autre des cours d'histoire hongroise.

C'est également pour elle le moment de faire son entrée dans le "monde", bien sûr toujours sous l’œil attentif d'un chaperon. Une soirée, elle s'échappe de cette surveillance avec un groupe de jeunes dans lequel se trouve d'ailleurs une certaine Lilian Baels, qui sera plus tard la seconde épouse du roi Léopold III. Après cette incartade, elle sera interdite de la revoir... Soucieuse de subvenir à ses besoins, elle entre en 1937 au Nemizeti Muzeum de Budapest dans le département des antiquités égyptiennes.


Son mariage avec Zog, né Ahmed Zogu, est un arrangement. Le roi avait besoin de redoré l'image de son pays et il lui a été présenté plusieurs photos de l'aristocrate hongroise. Elle lui plait immédiatement et les tractations débutent. Ils se rencontrent pour la première fois lors du bal de la Saint-Sylvestre du 31 décembre 1937 au palais de Tirana. Géraldine tombe vite sous le charme de cet homme de vingt ans son aîné, auquel elle prête nombre de qualités. Après mûres réflexions et diverses rencontres, elle accepte la demande en mariage du souverain. Le mariage se déroule le 27 avril 1938 et consiste uniquement en une cérémonie civile puisque les époux sont de confessions différentes : en effet, une catholique épouse un musulman.


La nouvelle reine se familiarise avec la vie à la Cour d'Albanie, qui englobe les six sœurs du roi : les princesses Adile, Nafije, Senijé, Myzejem, Ruhije et Maxhide. Elle s'attèle également à connaître la langue, la culture et l'histoire de son pays d'adoption. Au moment même où elle est enceinte, le danger italien se fait de plus en plus menaçant : certes l’Albanie est indépendante, mais elle dépend fortement de l'Italie, notamment financièrement, ce qui en fait presque un pays sous tutelle sur lequel Mussolini a des vues d'annexion. Le roi est loin d'être le meilleur ami des Italiens et les époux échapperont tour à tour à une tentative d'enlèvement, un attentat et un empoisonnement.


Le 5 avril 1939, la reine met au monde un héritier, prénomme Leka, dans un climat total d'incertitude quant à l'avenir. Deux jours plus tard, le signal du départ de l'invasion italienne est donné. En convoi, la mère et l'enfant, accompagnés de la Cour, se précipitent à la frontière grecque où ils seront rejoints le lendemain par Zog. La situation est désespérée et le long exil commence alors, avec la France comme première destination. Afin de s'y rendre, un grand détour s'organise afin de contourner naturellement l'Italie et l'Allemagne. Ils passent donc par la Turquie, la Roumanie, l'Ukraine, la Pologne, les trois pays baltes, la Suède, la Norvège et finalement Anvers. Arrivés en France, la Cour (une trentaine de personnes) aura l'occasion de séjourner aux châteaux de Mesnil-Saint-Denis et de Méry-sur-Oise.


Lorsque la Seconde Guerre Mondiale se déclenche, à l'instar de nombreux Français, la famille royale prend le chemin de l'exode et émigre ensuite en Grande-Bretagne après l'asile politique offert par le roi Georges VI. La Cour s'installe plusieurs mois au Ritz, vivant au rythme des incessants bombardements sur Londres. Ensuite, la suite emménage à Parmoor House, un manoir retiré dans la campagne. Après la guerre, l’Égypte du roi Farouk représente une autre étape de l'exil. Là, ils y retrouvent d'autres exilés royaux et Géraldine se lie d'amitié avec la reine Jeanne de Bulgarie (née princesse Giovanna de Savoie). Cette époque renoue avec l'espoir : les services secrets britanniques et américains projettent de déstabiliser le monde communiste en menant une action contre le régime albanais d'Enver Hoxha. Les différentes forces d'opposition politique s'associent à cette opération, ainsi que dans une certaine mesure, le roi Zog. Le projet sera cependant un échec et d’hypothétiques espoirs de restauration s'évanouissent aussitôt.


La chute du royaume égyptien pousse la famille royale à faire son retour en France en 1955. C'est sur ce territoire que le roi y rend son dernier souffle, après plusieurs mois de maladie, le 9 avril 1961. Cette épreuve affecte naturellement Géraldine qui est également confrontée à des problèmes financiers. Cet événement coïncide avec un changement du mode de vie de la famille royale : la Cour est sérieusement réduite et les sœurs du roi partent vivre sur la Côte d'Azur. Quand son fils part s'installer en Espagne, elle le suit, travaille pour la Croix-Rouge et reste attentive à la diaspora albanaise. Nouveau changement en 1990, c'est désormais l'Afrique du Sud qui accueille la famille royale albanaise en exil dans une modeste propriété à Randburg. La sœur de Géraldine, Virginia, est également du voyage et elles ne se quitteront plus.

La reine lors de la cérémonie donnée suite au mariage de son fils avec Susan Cullen-Ward en 1975

Avec son petit-fils, le prince Leka

Sachant que ses années sont désormais comptées, elle fait savoir qu'elle désire pouvoir terminer sa vie sur le sol albanais. Le 22 mars 2002, ses volontés trouvent écho du gouvernement Nano et les députés votent en faveur du retour de la famille royale. C'est le 28 juin de la même année que la reine Géraldine, le roi Leka Ier, la reine Susan et le prince héritier Leka effectuent une arrivée triomphale en Albanie. Et la reine-mère est loin d'avoir été oubliée des Albanais !

Retour de la famille royale en 2002
Quatre mois plus tard, le 22 octobre 2002, la reine Géraldine s'éteint après plusieurs crises cardiaques. Ses funérailles rassemblent plusieurs représentants de la classe politique et de nombreux Albanais. Elle est inhumée au cimetière de Sharra, où elle sera rejointe par la reine Susan en 2004, par son fils Leka en 2011 et peut-être à l'avenir par son époux dont le corps repose toujours en France. En effet, suite au décès du roi Leka, plusieurs voix se sont faites entendre dans l'ancien royaume des Aigles afin de rapatrier les restes de son souverain. En 2004, son petit-fils, l'actuel roi de jure de l'Albanie, a reçu la Médaille Mère-Teresa accordée par le gouvernement de manière posthume à la reine Géraldine pour l'aide qu'elle a apporter au cours de sa vie à la population albanaise.         

La première édition de cette biographie est parue en 1997. L'auteur avait alors obtenu l'accès aux archives de la reine ainsi qu'à son témoignage direct. Le livre bénéficie d'une seconde édition en 2012, année marquée par le 10ème anniversaire de la mort de la souveraine et par le 100ème anniversaire de l'indépendance de l'Albanie. Il ne s'agit cependant pas d'une simple réédition puisque l'ouvrage initial a été augmenté de nouveaux chapitres, notamment grâce à des témoignages inédits comme celui sur les conditions exactes de l'arrangement du mariage. Ce livre est également agrémenté de trente-quatre photos.

L'ouvrage se penche sur le destin exceptionnel d'une reine oubliée. Née dans l'empire austro-hongrois durant la Grande Guerre, elle a vécu la montée du nazisme et du fascisme, la guerre 40-45, l’avènement du communisme dans les Balkans, la Guerre froide, la chute du mur de Berlin, et le passage au XXIe siècle. Revivre les étapes de sa vie est également l'occasion de passer en revue ces épisodes de l'histoire. Joséphine Dedet permet aussi d'aller à la rencontre d'un pays méconnu, l'Albanie - qui demande d'ailleurs son adhésion à l'Union Européenne - au travers de son histoire séculaire, de ses héros nationaux, de ses habitants et de leurs cultures, sans oublier ses multiples visages dévoilés au gré des voyages du couple souverain, passant par Tirana, Durrës, Saranda, Himarë, Valona, Berat, ect. Le seul bémol est que le lecteur reste un peu sur sa faim : j'aurai aimé pouvoir lire davantage sur les dernières années de sa vie, ses rapports avec certaines monarchies européennes (puisqu'il est indiqué que le roi Baudouin et la reine Fabiola étaient ses amis), et que plus d'informations sur la vie de son fils y soient rapportées (comme le référendum de 1997).

Je termine ce compte-rendu par le portrait de la souveraine dressé avec finesse par l'auteur, dans les dernières lignes de son excellente biographie : "Les origines de la reine [...], un mélange fascinant de lignage millénaire et de modernité, ont probablement contribué à la formation d'une personnalité très riche. Authentique Européenne, Géraldine a hérité de l'intense vie intérieure des Seherr-Thoss, de la générosité et de la culture raffinée des Apponyi, mais aussi du dynamisme et du sens de l'adaptation de ses ancêtres américains. Géraldine la Prusse, la Hongroise, l’Écossaise, l'Irlandaise, la Française de cœur, la reine des Albanais enfin..."


Je remercie l'auteur de cette biographie, Mme Joséphine Dedet, les éditions Belfond et Mme Anny Poughon pour m'avoir permis de consulter ce livre en primeur.

1 mars 2012

Les noces d'argent de Jean et Joséphine-Charlotte

Le 9 avril 1978, afin de célébrer les 25 ans d'union du grand-duc Jean et de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, il était prévu que le Luxembourg fête ses souverains. Cependant, suite à un accident de ski de la grande-duchesse au mois de janvier, les jours de fête ont été repoussés au 20 mai de cette année.

Photo officielle des noces d'argent du couple grand-ducal
La famille grand-ducale prend tout d'abord la pose dans la salle des fêtes du Palais grand-ducal, lieu où vingt-cinq ans plus tôt, le couple avait pris place pour le mariage civil. Alors que Joséphine-Charlotte est habillée par Jean-Louis Scherrer, le grand-duc Jean a sorti son uniforme de général de l'armée luxembourgeoise. Le grand-duc héritier Henri et le prince Jean ont respectivement ceint les uniformes de capitaine et de lieutenant. Tous les hommes de la famille (hormis le prince Guillaume qui n'a pas encore atteint ses dix-huit ans) portent le Grand Cordon de l'Ordre du Lion d'Or de la Maison Nassau. 

Ensuite, ils rejoignent le balcon du Palais afin de saluer la foule, alors qu'un détachement militaire entonne le "Wilhelmus", l’hymne national. Suit ensuite une Fanfare solennelle aux deux thèmes nationaux, spécialement composée pour l'occasion par le major Pierre Nimax. L'apparition au balcon se clôture avec "Letzeburg de Letzeburger" et "Ons Hémecht".




Les enfants du couple grand-ducal se fraient un chemin dans les rues de la capitale pour arriver jusqu'à la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Suite à l'indisposition résultant de son accident, et suivant l'avis de ses médecins, la grande-duchesse a pris place dans une décapotable à côté de son époux pour le très court trajet. Un Te Deum est célébré dans l'édifice religieux en présence des membres du gouvernement et des représentants du Corps diplomatique. C'est Monseigneur Hengen, évêque de Luxembourg, qui officie mais dans la cathédrale a pris également place Monseigneur Lommel, celui qui présida à la cérémonie de mariage du couple.

Dans la soirée, la famille grand-ducale recevra au château de Colmar-Berg les plus hautes personnalités du grand-duché et les représentants du Corps diplomatique. 


Le 27 mai, un prestigieux bal fut donné en cette occasion au château de Colmar-Berg en présence de nombreux représentants de gotha, qu'il s'agisse de parents ou d'amis : la famille royale belge, le roi Umberto et la reine Marie-José d'Italie (cette dernière est la tante de Joséphine-Charlotte), le duc d’Édimbourg (dont la présence relançait les rumeurs qui courent à l'époque depuis quelques mois sur les possibles fiançailles de la princesse Marie-Astrid et du prince Charles d'Angleterre), le prince Rainier III et la princesse Grace de Monaco, accompagnés de leurs enfants, le roi Constantin et la reine Anne-Marie de Grèce, la roi Michel et la reine Anne de Roumanie, le comte de Paris, la princesse Napoléon, la comtesse de Barcelone et sa fille l'infante Pilar, la princesse Marie d'Orléans, le prince Victor-Emmanuel et la princesse Marina de Savoie, le prince et la princesse Edouard de Lobkowicz, la princesse André de Bourbon-Parme, etc.


(© Point de Vue)